À propos de cette édition

Éditeur
Balzac-Le Griot
Titre et numéro de la collection
Génération 90
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
187
Lieu
Montréal / Paris
Année de parution
1999
ISBN
9782921468435
Support
Papier

Résumé/Sommaire

En 2052, l’invention de générateurs de chaleur individuels, qui permettent de maintenir la température corporelle à son niveau normal, a entraîné l’occupation de vastes étendues septentrionales auparavant désertes. Mais la société Viger Internationale qui en récolte les dividendes voit plus grand et elle a chargé le chercheur Christian Pearce de perfectionner ses générateurs de manière à permettre la vie au nord du soixantième parallèle.

En même temps, un concours organisé par la société est gagné par cinq jeunes d’un peu partout sur la planète. Ainsi, Adam, de l’Australie, Anke Reiker, de l’Allemagne, Riana Neilan, d’Irlande, Jörgen Stromberg, de Suède, et Jérôme Dumoulin, du Canada, sont invités à passer six mois dans une base du Grand Nord canadien où le docteur Pearce mène ses recherches dans le plus grand secret. Ils ont tous seize ou dix-sept ans ; s’ils endurent mal leur prise en charge par une ex-militaire tatillonne, ils ne tardent pas à se faire un ami du docteur Pearce.

Leur séjour dans l’Arctique se corse lorsqu’Adam constate qu’Anke est dotée d’un don de télékinésie dont elle n’a pas conscience. Anke apprend à ouvrir les portes verrouillées à l’aide de ce don et elle découvre, ce faisant, l’existence d’un laboratoire clandestin opéré par un savant détraqué, Vittorio Conte, qui se fait passer pour un employé de l’entretien. Conte vient de mettre au point une méthode de duplication de l’ADN d’une personne donnée afin de déjouer les mesures de sécurité des lieux les mieux protégés de la planète. Il a aussi mis au point un virus qui affecte d’abord la mémoire avant de tuer au bout de quelques semaines, et il l’inocule à Riana qu’il capture et entraîne dans sa fuite lorsque les jeunes tentent de le démasquer.

En prenant la fuite, Conte isole la base et force les quatre autres jeunes à se lancer dans une expédition héroïque jusqu’à la base militaire d’Alert. Heureusement, le docteur Pearce a terminé les prototypes des nouveaux générateurs de chaleur et ceux-ci permettront aux jeunes de braver les froids extrêmes de l’Arctique. Une fois de retour dans la civilisation, les nouvelles apportées par Anke et ses amis mobilisent toutes les forces de police du monde et Conte est vite appréhendé. Un sérum de vérité l’oblige à révéler l’emplacement de l’antidote qui sauvera Riana et les jeunes pourront retourner à la base de la société Viger pour achever leurs recherches en collaboration avec le docteur Pearce.

Commentaires

Julie Bélanger a publié son premier roman, Chloélia ou l’été suédois, à dix-sept ans. Soleil de minuit est son deuxième livre, un roman jeunesse qui n’affiche pas clairement ses couleurs puisque rien ne l’indique dans la maquette, tandis que le format, le nombre élevé de pages et la composition serrée le démarquent nettement des plaquettes publiées par les éditeurs jeunesse.

Néanmoins, la jeunesse des protagonistes et la simplicité du monde mis en scène classent d’emblée l’histoire dans la catégorie des récits pour jeunes. L’opposition entre Pearce, type du savant distrait dont les travaux sont immensément bénéfiques, et Conte, type du savant fou qui ne rêve que de fortunes mal acquises, est manichéenne à un point qui rappelle des romans jeunesse d’il y a vingt-cinq ans, comme Menace sur Montréal de Louis Sutal ou Le Tabacinium de Gaston Otis. Policiers et militaires, quant à eux, sont des serviteurs de l’ordre efficaces et pas plus rudes qu’il ne faut.

Il convient aussi de souligner l’accumulation d’inventions qui tombent à point nommé, sans parler du talent paranormal d’Anke. C’est le propre de la science-fiction la plus primaire de postuler des découvertes aussi propices, alors que, dans la réalité, chaque innovation est le fruit d’un long processus de tâtonnements et d’essais, rarement susceptible d’être mené à bien par un savant isolé.

Pour une auteure « passionnée de sciences » qui envisage une carrière d’ingénieur, Bélanger débute bien mal. D’ailleurs, le titre même est singulièrement malencontreux car l’action principale se déroule à trois cents kilomètres au sud d’Alert, entre janvier et mars. Or, à ces dates, le soleil n’est pas encore levé ou ne luit que durant la journée. Le soleil de minuit brille au plus six mois par année, à l’un ou l’autre pôle, et, au sud d’Alert, il brillera surtout entre mai et août. (En revanche, la base d’Alert connaît une nuit polaire de vingt-quatre heures de novembre à février.)

Les autres inventions du roman, si elles témoignent d’une imagination certaine, ne sont pas très convaincantes. La duplication de l’ADN n’a rien de sorcier en soi : chaque division cellulaire renouvelle cet exploit. Et Bélanger n’explore pas vraiment les conséquences des générateurs de chaleur. À supposer que l’on puisse se promener torse nu dans une tempête de neige grâce à un tel générateur, cela n’abolirait ni l’hiver neigeux ni la nuit polaire sous les hautes latitudes – et cela ne rendrait pas non plus le pergélisol cultivable.

Le roman de Bélanger s’inscrit toutefois dans une tradition spécifiquement canadienne, celle du roman nordique. En 1944, déjà, Armand Grenier avait imaginé, dans Erres boréales, des radiateurs fixés au fond des mers qui avaient rendu habitables les territoires de l’Ungava et de l’Arctique. D’autres romans québécois ont vanté ou critiqué l’exploitation des ressources septentrionales, dont Le Nord électrique de Jean-Pierre April. Si ce tropisme nordique est récurrent dans la science-fiction canadienne, il n’a guère donné de chef-d’œuvre, et ce n’est certainement pas l’aventure mal ficelée que Bélanger signe ici qui va y changer quelque chose.

Si les principales péripéties sont moyennement passionnantes, il n’en est pas de même du dénouement. La recherche et la capture de Conte ont lieu en quelques pages qui évacuent tout suspense. Dans un roman quand même relativement court, cinq jeunes au cœur de l’action, cela fait beaucoup de personnages à gérer et Bélanger n’arrive pas très bien à les individualiser. De plus, l’accumulation d’inventions différentes et distinctes dans un cadre aussi restreint oblige l’auteure à abréger certaines explications.

Bref, pour un coup d’essai par une auteure de moins de vingt ans, Soleil de minuit n’a rien de déshonorant, même s’il n’est pas non plus très encourageant. Si Julie Bélanger poursuit dans cette voie, souhaitons qu’elle améliore rapidement son écriture, tant sur le plan de la rigueur que sur ceux de l’originalité et de la définition des personnages. [JLT]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 14-16.