À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur, critique littéraire réputé autant qu’acerbe, méprise copieusement H. P. Lovecraft, lequel connaît un regain de popularité à la suite de la publication de ses récits romantiques. En lisant une biographie de l’auteur, le critique se prend néanmoins d’intérêt pour son sujet et en vient à lire toute son œuvre. L’intérêt vire à l’obsession lorsqu’il lui vient le sentiment que les écrits de Lovecraft recèlent un véritable savoir occulte.
Il finit par apprendre que Lovecraft fut enterré avec sa dernière œuvre, inédite, qui révélait tous ses secrets. S’introduisant dans le cimetière de Providence, il creuse jusqu’au cercueil de l’écrivain, y découvre l’accès à un souterrain qui le mènera à… Lovecraft, toujours vivant. Pour le plus grand malheur du critique hargneux…
Commentaires
L’écriture de Guillaume Demers est à ce point chaotique et maladroite que deux impressions s’en dégagent : primo, l’auteur est incapable d’exprimer clairement sa pensée et, secundo, celle-ci est de toute façon confuse et incohérente. Il y a dans ce texte les maladresses coutumières de l’auteur débutant qui ne sait pas comment motiver ses personnages et qui leur attribue des passions dévorantes qui changent de polarité à la moindre excuse, mais ce serait encore pardonnable.
C’est quand on aborde les contradictions logiques que le bilan s’alourdit. Qu’un critique littéraire qui vient de perdre son emploi puisse acheter sans sourciller une immense maison, mettons. Sauf que le propriétaire de cette maison doit s’en départir pour éponger des dettes de jeu – sans penser à vendre un seul des manuscrits extrêmement rares dont regorge sa bibliothèque… Autre exemple : il aura fallu au critique (ah, la sottise de cette sale engeance !) des mois de recherche avant de se rendre compte que la majorité des œuvres de Lovecraft ont été publiées de façon posthume ; la comparaison de la date de décès de Lovecraft avec celles de publication de ses livres a dû demander un long et pénible calcul mental !
Et puis on en arrive au délire pur et simple. La liste des producteurs de littérature macabre qu’exècre le narrateur compte, outre Lovecraft, King, Barker… et Asimov. Attendant la nuit pour s’introduire dans le cimetière, le narrateur décide, afin de ne pas être remarqué, de se déguiser en arbre ! Le pourquoi, ici, m’intéresse moins que le comment, même en tenant compte de la technologie future (nous sommes, peut-être, vers le XXXIIIe siècle). Lovecraft explique au narrateur que son prochain roman sera son histoire à lui, sauf que ce sera du fantastique. Mais la description qu’il en fait dans la phrase suivante n’a rien à voir avec la carrière d’un critique envieux, auteur de flops sous pseudonymes…
Soyons justes : il y a des moments de grâce dans le Sonneur de cloche, telle la phrase finale. Mais l’écriture de Demers est un fleuve limoneux ; si on trouve des paillettes brillantes au milieu de la boue, ce n’est probablement pas du vrai or. [YM]
- Source : L'ASFFQ 1997, Alire, p. 74-75.