À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une fillette rejetée par ses camarades de classe parce qu’elle fait un peu d’embonpoint est témoin au milieu de la nuit de phénomènes mystérieux. Elle se confie à une des rares élèves qui ne se moque pas d’elle mais Sandra est bavarde comme une pie. Tout le monde à l’école apprend qu’elle a vu une soucoupe volante si bien que les sarcasmes reprennent de plus belle. Cependant, quelques jours plus tard, l’apparition d’une soucoupe volante à proximité du village sème la consternation dans la population et attire la presse locale et un enquêteur spécialisé sur les OVNI. En tant que témoin oculaire privilégié, la fillette devient le point de mire des médias et savoure le fait que cette célébrité éphémère cloue momentanément le bec de ceux qui riaient d’elle.
Commentaires
Ce « mini-roman » destiné aux jeunes âgés entre 7 et 10 ans est tout au plus une nouvelle selon les standards de l’édition. À 6,95 $, c’est exorbitant, d’autant plus que la présentation matérielle du petit bouquin est moche : couverture laide, veuves à toutes les cinq pages. Le contenu n’est guère plus stimulant. J’en parle avec autant moins de réserve que j’ai payé mon exemplaire, l’éditeur n’ayant pas voulu fournir un service de presse à L’Année… parce que, selon lui, La Soucoupe affolante n’a strictement rien à voir avec la science-fiction et parce qu’il n’a pas apprécié les critiques négatives parues dans nos pages au sujet du Secret du 7e fils et de Super Débile 5.
Les livres qui s’adressent aux jeunes lecteurs posent en effet des problèmes de définition de genres. Souvent l’auteur n’utilise un thème propre à la science-fiction que pour mettre en valeur un aspect de la personnalité de son héros ou héroïne. Cela n’en fait pas pour autant un récit réaliste. Qui a déjà vu une soucoupe volante comme l’héroïne de cette histoire ? Jusqu’à preuve du contraire, il s’agit d’un récit de science-fiction. D’ailleurs, certains écrivains de SF pour adultes utilisent le même procédé sans que leur œuvre soit exclue du corpus.
Pierre Pigeon, l’auteur et éditeur de La Soucoupe affolante, affirme dans une lettre qu’il m’adresse que son intention n’était pas d’écrire un texte de SF. « La Soucoupe affolante est un récit à caractère réaliste qui mise essentiellement sur la personnalité d’une enfant de dix ans qui révèle avoir assisté à un phénomène lumineux étrange et sur les conséquences qu’engendre son observation. Le phénomène lui-même ne revêt pas la moindre importance dans l’histoire. Je n’en discute aucunement, je n’avance pas la moindre explication, hypothèse ou théorie à son sujet. Je m’en sers exclusivement comme d’un prétexte, d’un déclencheur, et j’en fais une métaphore qui s’applique au personnage principal. À quoi servirait-il alors à quiconque de lire cela en toutes lettres dans votre revue alors même que mon propos ne s’intéresse en aucune manière aux sujets qui vous préoccupent ? » Je réponds : Qui se soucie de l’intention de l’auteur ? N’est-ce pas le résultat qui compte et doit être jugé ? Le phénomène rapporté ne revêt pas la moindre importance dans l’histoire ? C’est pourtant le moteur du récit. Sans lui, il n’y a pas de texte.
Au-delà de cette divergence d’opinions, il reste le texte, quelle que soit son appartenance générique. Je constate que l’écriture est banale, que l’auteur ne donne aucune information sur la vie à la campagne, sur le quotidien de son héroïne qui est bien différent de celui d’une jeune citadine. En un mot, le mini-roman de Pierre Pigeon rejoint peut-être les jeunes parce qu’il utilise certaines de leurs expressions mais il ne contient rien d’exceptionnel qui puisse faire travailler leur imagination. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 161-162.
Références
- Anonyme, Littérature québécoise pour la jeunesse 1992, p. 17.
- Meynard, Yves, Lurelu, vol. 15, n˚ 3, p. 28.