À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Germain vit en pleine nature depuis des années. Apprenant que sa mère est à l’article de la mort, il doit se résigner à se rendre dans la grande ville pour la voir une dernière fois. La circulation rapide et la marée humaine engendrent chez lui un sentiment d’angoisse tel qu’il a l’impression qu’il va se noyer. À la sortie du métro, il s’écroule sur le trottoir…
Commentaires
« La Source » de Patrick Senécal repose sur une idée toute simple : l’illustration au pied de la lettre de l’expression « se noyer dans la foule ». Sous cet aspect, le texte est réussi car l’auteur multiplie les images qui renforcent cette métaphore : Germain se sent comme « s’il était un rocher au milieu de la rivière », il s’efforce de « remonter cette cascade humaine », « c’est comme s’il descendait une chute au ralenti » quand il emprunte un escalier roulant.
Cependant, le texte aurait eu besoin d’un peu de poésie. La description du périple de Germain dans la jungle urbaine demeure somme toute banale et le style n’est pas exempt de maladresses comme celle-ci : « Il atteint le rivage mais d’autres vagues l’atteignent. »
Plus grave encore, la nouvelle de Senécal n’arrive pas à me convaincre de sa cohérence interne. Il y a comme une antinomie fondamentale entre la mort par noyade du personnage principal et l’espèce de symbiose, de communion qui lie Germain à sa source. La finale apparaît donc en porte-à-faux. Pour que le récit fonctionne, il aurait fallu que Germain développe une peur ou une phobie de l’eau. Là sa mort aurait été signifiante et en accord avec les sensations qu’il a ressenties dans la grande ville. Disposer de cette objection en prétendant que l’auteur a voulu signifier par cette finale (avec le retour de l’image qui ouvre le récit, mais chargée d’un autre sens) que Germain a ainsi retrouvé la quiétude de la nature en se transformant en source ne règle pas vraiment la question de la cohérence interne. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 154-155.