À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dépêché en éclaireur sur une planète désertique, Mentor aperçoit au loin des formes qui ressemblent à des statues. Arrivé au milieu d’elles, il ressent soudainement une fatigue et un poids qui alourdissent ses mouvements. Au même moment, il entend une voix venant de nulle part et de partout. Parvenant difficilement à lever la tête vers le ciel, il reste pétrifié dans cette position.
Commentaires
Seule nouvelle de SF du recueil de Jacques Lazure, « Les Statues » s’inscrit néanmoins dans la thématique générale de La Valise rouge, soit la quête du sens de l’existence. Ici, cette quête prend une coloration mystique puisque la voix entendue par l’éclaireur de l’Institut d’exploration extra-planétaire n’est autre que celle du Créateur. La planète désertique où il vient d’être déposé représente le lieu où la race humaine a été créée.
Plusieurs indices annoncent la nature mystique de cette mission d’exploration. Il y a d’abord l’exergue tiré de la Genèse qui situe le texte dans une perspective épique et lui confère un sens sacré. Cette référence biblique est renforcée par le symbolisme du nom de l’explorateur (Mentor), comme si sa dimension de guide spirituel, de prophète n’était pas assez évidente. Enfin, il y a le ton, légèrement emphatique et recueilli, qui se veut au diapason du message que doit livrer le texte.
On pourrait ajouter l’image du désert qui sert de révélateur à l’homme, celui-ci trouvant l’illumination, image que Lazure utilise aux mêmes fins dans deux autres nouvelles de son recueil. Chez cet écrivain, la SF se conjugue tout naturellement avec la quête mystique puisque la fascination de l’homme pour les autres planètes répond à un besoin de percer le secret de ses origines.
On peut aussi croire que pour l’auteur, l’art conduit à la reconnaissance de l’existence de Dieu. C’est en effet par la contemplation des statues de pierre que Mentor est amené à communiquer avec le Créateur.
Les amateurs de SF qui croient que l’Ancien Testament, avec ses apparitions de chars de feu enlevant le prophète, la mer Rouge qui se sépare pour laisser passer le peuple de Moïse et tous ces prodiges incroyables, est le premier récit de SF apprécieront sûrement cette nouvelle qui réaffirme la pérennité de la foi religieuse à une époque où la science aide l’homme à comprendre de plus en plus l’univers dans lequel il vit. [CJ]
- L'ASFFQ 1988, Le Passeur, p. 265.