À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Geneviève dérobe la bague du professeur et ce dernier, constatant le vol, se suicide. Geneviève, soupçonnée, va enquêter à New York auprès des anciens patients du docteur afin d’en apprendre un peu plus tandis que les deux compères rentrent à Montréal pour rendre compte à leur patron… qui les expédie aussitôt dans la métropole américaine.
Nouvelle rencontre avec Pandit, qui menace Geneviève, mais cette dernière n’en fait qu’à sa tête et, le suivant, elle trouve dans le quartier chinois une laverie où elle essaie d’obtenir des renseignements d’une certaine Myrtille et apprend l’existence d’un certain Liu-tsi. Mais la voilà qui disparaît. Labre et son ami essaient de la retrouver. De nouveaux développements dans l’affaire parlent de satellites qui disparaissent et voici encore OZO et Rayfort dans le décor. Puis c’est la rencontre avec Liu-tsi qui capture Labre et l’amène sur une île du Pacifique où il découvre une gigantesque organisation, la P.P.F. (Pro-Paix-Fanatique), qui a inventé un appareil fantastique dont elle se sert pour détruire les satellites des grandes puissances afin de les déstabiliser et d’établir une paix durable.
Commentaires
Dois-je avouer que je ne sais trop comment débuter ce commentaire, qu’en fait cette nouvelle aventure de Michel Labre, ersatz québécois du célèbre Bob Morane de Henri Vernes, m’a complètement découragé ?
D’une part, la construction de ce roman est désespérante. Tout arrive par hasard, sans la moindre gradation ou causalité. L’extrême imprécision de l’auteure sur ce fameux phénomène de départ – traînée lumineuse ? soleil bleu ?? nova ???… – et ses conséquences – automne chaud, chaleur dans le ciel en certains points précis, nuit lumineuse !?!... – empêche le lecteur de bien saisir ce qui se passe.
Mais Michel Labre n’est-il pas là pour faire la lumière ? Bien sûr, sauf qu’il n’arriverait à rien de rien sans un certain Pandit qui, lui, arrive toujours au bon moment ! Pour accentuer encore plus l’incohérence, l’intrigue – y a-t-il vraiment intrigue ? – bifurque dans une histoire de docteur Nobel fou, de bagues plus ou moins magiques. Mais le docteur ne sert qu’à étirer ce qui déjà s’étire diablement et il apparaît comme l’expédient nécessaire pour sortir nos héros du cul-de-sac de Bagotville et trouver une façon de les diriger vers New York, la grande ville où tout peut arriver ! Pour ne plus importuner, une fois la nouvelle direction annoncée, le bon docteur fou aura la décence de se suicider. Autre cul-de-sac, les fameuses bagues. Qu’ont-elles à voir dans l’histoire, sinon que de servir d’expédient à un autre expédient ? Qu’ont-elles de magiques ailleurs que dans la pauvre tête du docteur ? Le problème est cependant vite évacué et le lecteur replonge dans cette histoire principale qui ne décolle toujours pas – et Labre qui est pilote ! –, qui ne décollera jamais à vrai dire puisque, dans cette forme, ou plutôt cette non-forme, elle n’est pas viable.
Quant à l’écriture, eh bien mes amis, je dois dire que ce n’est pas si mal. Le problème se situe plutôt dans le contenu : le contenant a beau être un vase de cristal, s’il ne contient qu’une eau boueuse…
Vous aviez déjà compris que les descriptions manquent de clarté, tout comme les enchaînements. Les dialogues, eux, sont tout simplement ennuyants. Michel Labre ne sait dire que l’évidence ou, pire, le banal. À trop vouloir rendre son personnage sage et posé, l’auteure l’accule à la platitude. Berger et Marion apparaissent par ailleurs plus dégourdis que le fameux commandant. À vrai dire, le seul personnage totalement inutile dans cette aventure de Michel Labre, n’est-ce pas Michel Labre lui-même ?
Il faut parler aussi de certains choix pris par l’auteure. Que Madeleine Gaudreault-Labrecque ne privilégie pas la violence dans ses romans, c’est une chose, que son héros soit ballotté par le hasard, c’en est une autre. Bob Morane, pour reparler de ce héros connu de tout le baby boom francophone, s’il se battait souvent, réussissait aussi à provoquer les événements de plusieurs autres façons. Michel Labre, dans son enquête Sur la piste du dragon…, se balade d’un endroit à l’autre, sans aucune intensité, attendant que le hasard – ou Pandit ! – lui envoie une piste.
En terminant, parlons de l’explication finale, cette P.P.F. qui n’a pas grande crédibilité, de son engin tout droit sorti des vieux pulps du début du siècle. « Au centre : une pierre magnétique ou magnétisée, je ne sais trop. Cette pierre, source de champ magnétique, attire à elle énormément d’énergie terrestre, en ralentissant la rotation de la terre d’une seconde environ par jour […] Cette pierre va aussi puiser de l’énergie dans les rayons cosmiques. Et tout ça concentré au centre de la roue donne ce rayon extrêmement puissant […] capable de détruire tout ce qui est nuisible. » M’enfin ! Et il y a pire : « La nature est forte. car personne ne se serait aperçu de ce dragon volant, bien caché derrière des aurores boréales créées à cet effet, n'eut été l'intervention inopinée d'une certaine étoile… ».
Et oui ! C’est grâce à une supernova que la diabolique invention a été repérée. Dire que depuis les années soixante, on peut photographier des objets de la grosseur d’une orange sur la surface de la Lune et que les astronomes n’ont pu… C’est pas vrai, je rêve !!!
Y a-t-il encore des jeunes qui peuvent se farcir des histoires brinquebalantes comme celle-ci ? Peut-on vraiment si mal connaître la science – et la science-fiction ! – pour conclure un roman sur ces explications ?
Et sur cette île déserte du Pacifique – que pas un pays bien sûr n’avait répertoriée –, il y aura une gigantesque explosion qui détruira la P.P.F. Mais ne vous en faites pas : ce n’est pas Michel Labre qui a réussi à annihiler l’infâme organisation – oserais-je dire qu’il est trop nul pour accomplir une telle action ? – mais Myrtille, la petite lavandière amoureuse de Pandit !
De grâce, madame Gaudreault-Labrecque, plus de SF ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 72-75.
Références
- Lortie, Alain, Solaris 75, p. 57-58.