À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un passant est attiré par une sculpture installée devant la façade d’un immeuble au point de l’examiner minutieusement chaque jour. Un matin, il remarque une tache sur l’un des visages de l’ensemble statuaire. Il s’efforce de faire disparaître la tache à l’aide d’une brosse et de nettoyants mais dès qu’il y parvient, une autre tache apparaît ailleurs. Il poursuit son labeur pendant toute la nuit. Le lendemain, la statue compte un buste de plus : celui d’un homme, une brosse à la main…
Commentaires
Ici encore, Marc Rochette aborde un thème classique en littérature fantastique : une œuvre d’art qui phagocyte son créateur ou son admirateur. Cependant, ce qui fait malgré tout l’originalité de la nouvelle, c’est la réflexion sur l’art qu’elle propose. L’art est quelque chose de vivant. Il ne faut pas le momifier, l’empêcher d’évoluer. Quand l’homme veut faire disparaître les taches qui apparaissent l’une après l’autre sur la sculpture, il montre un trop grand respect de l’œuvre et il va à l’encontre de sa nature. Elle se venge à sa façon.
Au moyen d’une approche davantage théorique qu’émotive, l’auteur détermine l’enjeu du texte : qu’est-ce qui est le plus important ? L’art ou la vie ? L’art a-t-il préséance sur la vie ? La nouvelle condense remarquablement cette lutte entre la liberté d’expression et le conformisme qui peut agir comme une censure. Par son acharnement à défendre l’intégrité de la sculpture, le passant – et là, l’auteur ne met pas en doute sa bonne foi – contraint la vraie nature de l’œuvre et joue un rôle similaire à celui de la censure.
« La Tache » demeure ainsi un texte très ambigu. Le narrateur, en adoptant un ton objectif et distancié, ne permet pas de deviner de quel côté se range l’auteur. Et c’est ce qui fait la richesse et l’intérêt du texte. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 147.