À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Par un beau samedi d’été, le jeune Guillaume, douze ans, part jouer avec son ami Olivier. Il disparaît près du hangar où habite un excentrique nommé Max. Les soupçons se portent aussitôt sur ce dernier et il est jeté en prison. Le même soir, une silhouette vient déposer un bébé dans la cour arrière de la maison où habite Guillaume.
La sœur du disparu, Anne-Sophie, commence son enquête en se rendant au hangar. Elle y surprend Olivier qui lui fera des révélations étonnantes. Ainsi, ce Max posséderait de vieilles pièces de monnaie, des talismans, qui auraient le pouvoir de faire voyager ses détenteurs dans le pays et dans l’année que la monnaie indique.
Ayant gagné la confiance de Max la semaine précédant le drame, Guillaume et Olivier ont entrepris un voyage qui les a menés à bord de la Grande Hermine de Jacques Cartier en 1535. Guillaume a cependant échappé sa monnaie de retour. Les deux jeunes ont tenté de revenir au présent, mais l’énergie dégagée par le talisman a manqué. Guillaume a donc pris la forme d’un bébé. C’est d’ailleurs lui qui sera déposé par son copain Olivier dans la cour arrière.
Il ne reste qu’une solution : retourner en 1535 pour que Guillaume retrouve son âge véritable. La manœuvre réussit et les jeunes peuvent se retremper dans leur présent. Mais il est trop tard pour remercier Max le marginal : il est porté disparu après que les villageois eurent brûlé son hangar. Sans doute est-il parti à son tour explorer le temps.
Commentaires
Daniel Tardif signe ici son premier roman qu’il dédie à ses garçons. Une relecture attentive de la part d’un lecteur professionnel n’aurait par nui. Les dialogues des jeunes sont insipides et répétitifs. N’ont-ils pas douze ans, du moins dans le cas des garçons ? Mais on jurerait qu’ils en ont huit ou neuf. Les personnages sont stéréotypés. Ainsi le policier chargé de l’enquête est d’une naïveté désarmante et ne semble pas savoir que la DPJ existe dans le cas de bébé trouvé.
Il y a pire encore. Dans une scène qui ne figure pas au résumé parce que totalement loufoque, un couple d’un certain âge tente de voler le nourrisson en se prétendant les parents naturels du bambin. Ni le policier qui les amène, ni les parents de Guillaume qui servent de famille d’accueil provisoire ne contestent leurs dires. Il faut attendre l’intervention d’Anne-Sophie, qui a appris que le tout-petit est en fait son frère, pour que les imposteurs soient démasqués dans une scène grand-guignolesque.
L’intrigue ne tient pas la route, en tout cas la vraisemblance est mise à rude épreuve. Qu’on puisse voyager dans le temps grâce à des talismans, passe encore. Mais qu’on revienne au présent sous la forme d’un poupon ? Il est vrai qu’une célèbre histoire de fantastique transformait en partie en mouche un scientifique qui voulait faire un tel voyage dans le temps, alors que cette mouche prenait une partie du corps du scientifique. Tout ça parce que le moustique était entré inopinément dans la cage à voyager.
L’aspect historique, que laissaient supposer les voyages dans le temps, aurait pu être accrocheur. Mais ce n’est qu’un prétexte. Que reste-t-il de fantastique dans l’intrigue ? Les notions d’histoire ne sont pas développées, que ce soit le Paris de 1924 ou la traversée de Jacques Cartier en 1535. Jamais le lecteur ne sent l’odeur de ces époques oubliées. Jamais il ne parvient à croire à ces escapades. Le décor sent le cliché scolaire. Dommage.
Quelques fautes d’orthographe jalonnent le récit : un indexe, un dinar Arabe ou un architecte Italien. Dans l’ensemble cependant, les mots sont bien choisis et assez bien adaptés au public visé. C’est peu pour convaincre un lecteur d’acheter ce livre qui, soit dit en pesant mes mots, aurait gagné à être coupé de moitié. [MB]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 163-165.