À propos de cette édition

Langue
Français
Éditeur
Paulines
Titre et numéro de la collection
Jeunesse-pop - 50
Genre
Science-fiction
Longueur
Novella
Format
Livre
Pagination
126
Lieu
Montréal
Année de parution
1984
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

S’étant réfugiée dans un placard après une bataille avec un adolescent de son âge, Marianne va vivre une expérience incroyable. Elle fait la rencontre d’une extraterrestre mais son corps ne peut supporter ce choc. Désormais, le sort de Marianne est lié à l’existence de cette Entité immatérielle et immortelle qui a la faculté de se déplacer dans le temps uniquement. La jeune fille lui apporte la faculté de se déplacer dans l’espace.

Mais Marianne veut retrouver son corps. L’extraterrestre peut lui dénicher des personnes qui font partie de la chaîne génétique de Marianne mais pour occuper le corps d’une de ces personnes, il faut que celle-ci désire mourir. À ce moment précis, Marianne peut endosser l’enveloppe charnelle vacante. Le problème, c’est que les personnes qui appellent la mort sont dans des situations sans issue. Marianne se retrouve dans la peau d’une fugitive, d’une victime, d’un assassin, à différents siècles. Elle risque la mort à tout instant, au XIXe siècle, au Moyen-Âge, à l’époque de Jésus-Christ. Comment fera-t-elle pour réintégrer son corps juste avant l’impact final dans le placard et qui pourrait se trouver à sa place ?

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Commentaires

Il n’est pas facile de résumer le roman de Charles Montpetit et je suis conscient de ne pas lui rendre entièrement justice. Il faudrait expliquer comment a pu se produire la rencontre de Marianne et de l’Entité, une extraterrestre qui ne correspond pas à l’image véhiculée dans la SF. Montpetit le fait mais je ne suis pas sûr que les jeunes à qui il s’adresse comprendront toutes ses explications. Tout cela m’a paru assez complexe. Dans quatre ans, je pourrai répondre à mes appréhensions : je testerai le chapitre en question sur ma fille Véronique.

La nature du récit de Montpetit n’aide pas à le résumer. Il contient beaucoup de rebondissements et est bâti sur des idées, des flashes étonnants. On conçoit que le saut d’une époque à l’autre et d’un corps à l’autre se fasse d’une façon abrupte mais il n’en reste pas moins que l’auteur a un peu de mal à ficeler son intrigue, à établir les différents raccords entre les chapitres. Temps perdu donne l’impression d’un Patchwork plus que d’un roman car les différentes époques visitées par Marianne et l’Entité colorent la tonalité du récit. L’héroïne est transportée d’un univers à l’autre comme le personnage du premier sketch de La Quatrième dimension (Twilight Zone). Elle est une victime traquée qui doit fuir continuellement.

L’épisode du XIXe siècle prend l’allure d’une intrigue policière dans laquelle il est question de vengeance et de scandale. Le mystère plane. Malheureusement, le rythme languit, l’intrigue n’étant pas suffisamment resserrée. Dans l’épisode qui transporte l’héroïne au Moyen-Âge, le lecteur nage en plein merveilleux. Marianne séjourne dans le ventre d’un dragon. Puis, elle se retrouve dans la peau d’un homme quelques minutes après la mort du Christ. Le récit bascule alors dans un fantastique gothique.

Le mélange des genres constitue un des atouts du roman de Montpetit. Il dissipe l’effet répétitif des situations que vit l’héroïne. Quant à savoir comment l’auteur réussit à boucler son récit, c’est une autre histoire. Faites confiance à l’imagination débordante de Montpetit mais renoncez à toute vraisemblance. Nous sommes ici dans le domaine de la fantaisie pure.

Le roman n’en contient pas moins beaucoup d’éléments de réflexion, contrairement aux récits pour adolescents de Daniel Sernine qui privilégient l’action pour l’action. Montpetit invite ses lecteurs à faire preuve de curiosité intellectuelle. Ainsi, au début du chapitre 6, il y va d’une réflexion sur les mythes et la réalité. Son texte est toujours intelligent et plein d’humour et ses théories, pour amusantes et farfelues qu’elles paraissent, n’en sont pas moins brillantes. Je pense en particulier à celle sur la naissance des légendes. Tous ces artifices ne peuvent qu’éveiller l’imagination de ses lecteurs. L’auteur n’hésite pas également à recourir aux gadgets pour arriver à ses fins. Il invente un jeu du coupable et de la victime ; il livre deux chapitres 3 qui commencent de la même façon. Bref, Montpetit utilise un style qui favorise la participation active du lecteur. Il faut souligner aussi l’attention qu’il porte à la langue. Une tirade en latin, un extrait en vieux français d’un guide pratique sur la façon de survivre à l’intérieur d’un dragon suffisent à marquer les époques, sans qu’il soit nécessaire d’en décrire les us et coutumes, l’architecture et les croyances dans une description de dix pages.

Temps perdu sollicite continuellement la part ludique qu’il y a dans l’acte de lire sans perdre de vue quelques préoccupations éducatives. J’ai dit que ce roman cultivait la curiosité intellectuelle en ouvrant des perspectives sur l’Histoire, sur l’évolution de la société et des mentalités. Il enfonce aussi quelques préjugés en faisant de Marianne une héroïne décidée, courageuse et intelligente. L’aventure extraordinaire de l’adolescente se présente comme une confirmation que la force physique ne saurait être la seule solution valable. L’intelligence et l’esprit de décision peuvent réussir là où la force brute se révèle inutile.

Malgré quelques réserves qui ont trait au manque de transition entre les différentes parties du récit et à la compréhension de quelques phénomènes essentiels dans la mécanique de l’intrigue, on n’a pas le sentiment, en refermant le livre de Charles Montpetit, que ce fut du temps perdu. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1984, Le Passeur, p. 62-65.

Références

  • LeBrun, Claire, imagine… 23, p. 47-48.
  • Lortie, Alain, Solaris 55, p. 24-25.
  • Romney, Claude, Canadian Children's Literature/Littérature canadienne pour la jeunesse, septembre 1985.
  • Sernine, Daniel, Lurelu, vol. 7, n˚ 3, p. 33-34.
  • Thibault, Suzanne, Des livres et des jeunes 21, p. 62.
  • Vinet, Isabelle, Lurelu, vol. 7, no 3, p. 11-12.