À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Au XXIe siècle, les scientifiques se concentrent sur divers projets qui permettraient d’atteindre de nouvelles planètes habitables aussi agréables que la Terre au siècle dernier.
Par le biais d’un trou noir, Héléna, une jeune handicapée, et son chien Roucou se trouvent projetés à cette époque. Heureusement, l’enfant et la bête sont accueillis par des humains, soit le technicien Adam, sa secrétaire Ève et monsieur Ormaz, le directeur du Conseil de la recherche.
Il faut trouver une solution pour qu’Héléna et Roucou puissent retourner chez eux, au XXe siècle. En attendant, on les cache chez des amis pygmées. On ne veut pas qu’ils soient soumis à la curiosité de la science.
Dans la forêt tropicale, Héléna fait la connaissance de Ligrad, une sphère extraterrestre qui croit pouvoir aider la fillette à retourner chez elle. Mais il n’y a plus seulement Héléna qui veut retourner dans le passé. Monsieur Ormaz aussi. Il voudrait bien essayer d’aller changer l’avenir réservé à la Terre.
Héléna, Roucou, monsieur Ormaz, Ligrad, Adam et Ève remontent donc dans le temps, jusqu’en 1940.
Grâce à ses précieux amis du futur et à la collaboration de nouveaux amis du passé devenu présent, monsieur Ormaz réussira-t-il à changer la destinée de la Terre ?
Commentaires
Que d’éparpillement ! Que de complexité !
D’abord, j’ignore à quel public s’adresse cette histoire. C’est farci de références scientifiques (je ne m’amuserai pas à vérifier leur authenticité !), donc trop complexe pour des enfants. Quant aux adolescents, ils ne peuvent s’identifier aux protagonistes sans personnalité, sans force de caractère. Les adultes, eux, ne dépasseront sans doute pas la page 10.
Outre une question de lisibilité de texte – quand, dans une page de 36 lignes, le rythme de la lecture est interrompu par jusqu’à 18 mots divisés en bout de ligne, c’est plus qu’énervant à moins d’être plongé dans une intrigue extraordinaire qui fait oublier ces petits désagréments – qui n’est pas imputable à l’auteur, le problème majeur en est un d’intérêt. Le récit est confus, redondant et traîne en longueur. On y trouve de nombreux clichés, des paragraphes obscurs, des jugements gratuits, des passages scientifiques incompréhensibles et même des absurdités. Rien de bien excitant. Bien sûr, le thème de la préservation des beautés naturelles et humaines de la Terre est noble. Mais ce n’est pas suffisant.
L’écriture souffre de problèmes majeurs. Plusieurs constructions de phrases comme « Elle rêvait d’un grand bonheur corporel car la fillette était handicapée […] », « La nuit fut calme et elle n’eut pas à souffrir du froid », « Ce qu’ils devaient y accomplir ne devait pas souffrir l’échec […] » sont inacceptables. Et le texte est truffé de « milliards d’unités énergétiques », « d’état d’invisibilité radar », « d’organes locomoteurs télékynésiques », de « contacteurs », de « bourdonnements », de « luminescence », etc. au point d’en être assommant.
J’ai peu à dire sur les personnages. Ils nous laissent indifférents. Pas de qualités, pas de défauts. Pas de bons, pas de méchants. Ils sont surtout là pour élaborer des théories de toutes sortes, lever des manettes, appuyer sur des boutons, manger, dormir et pour voyager dans le temps, heureusement. Et les sentiments ? Peu et sans grande efficacité, genre « Il aimait sa collaboratrice d’une manière autre que platonique. »
En résumé, l’histoire s’éclate dans toutes les directions et vers la fin, elle devient presque indécente. À cause des vingt-huit dernières pages. On y fait la connaissance d’Arsène Goulet, un peintre schizophrène interné depuis plusieurs années. Le personnage le plus “vivant” du livre. À la page 86, on dit d’Arsène qu’« il était peintre et sculpteur autrefois mais le fardeau de sa maladie et l’incompréhension que l’on manifeste à son égard feront de lui […] un être détruit […]. »
Yves Goulet est peintre, sculpteur et poète selon la courte biographie au dos du livre. « […] il livre, à chaque jour, un combat douloureux pour retrouver les sourires et les joies de son enfance. » On suggère de lire Le Temps providentiel « entre les lignes ».
J’ai hésité avant d’écrire ce commentaire sévère sur Le Temps providentiel. Je ne savais plus très bien si je critiquais une fiction ou si je détruisais quelque chose. Ou quelqu’un… Si c’est le cas, je suis vraiment désolée. Mais c’est fait ainsi : on lit une suite de mots avant de lire entre les lignes. À la page 43, il y a cette phrase : « […] l’homme de la rue n’y comprendrait strictement rien. » Je ne vous le fais pas dire, monsieur Goulet ! [NB]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 91-92.