À propos de cette édition

Éditeur
XYZ
Genre
Science-fiction
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
XYZ 61
Pagination
13
Lieu
Montréal
Année de parution
2000
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le dernier immortel que la Terre ait porté raconte son drame : le temps qui passe, le temps qui fuit, le temps qui nous avale, nous, et le ronge, lui.

Commentaires

Avec « Tempus Fugit », Sylvie Bérard relève un double défi : écrire une nouvelle de science-fiction d’une page et arriver, en quelques lignes, à donner une idée de ce que peut être l’éternité. Le premier défi est de taille. Pour dire vrai, nous ne nous attendions pas, en feuilletant le numéro d’XYZ consacré à des nouvelles d’une page, à y trouver un texte de science-fiction. La raison en est simple. Comme le fait remarquer Michel Lord, la SF est un genre qui convient mieux au roman, car on peut alors se permettre de prendre le temps d’y développer les différentes facettes du monde imaginaire. L’exercice est plus compliqué avec la nouvelle, car elle se doit de représenter brièvement les principaux paramètres du nouveau monde fictif. Alors imaginons une nouvelle d’une page… Sylvie Bérard réussit ce tour de force en mettant en scène un immortel, personnage qui, à lui seul et de par sa nature, laisse supposer, laisse croire à un mode différent du nôtre. Le monologue de cet être sur le drame de sa condition lui confère une profondeur, une intensité et une crédibilité dignes d’être mentionnées, surtout quand on tient compte de la longueur de la nouvelle et du fait que ce personnage ne soit pas un être humain comme nous (donc plus difficile à appréhender).

Au-delà de la fiction, « Tempus Fugit » est aussi une réflexion – très fine malgré sa brièveté – sur le passage inéluctable du temps et sur son caractère insaisissable. En une vingtaine de lignes à peine, il se passe une éternité. L’auteur réussit à rendre compte de cet écoulement du temps par des images bien choisies et par un style qui mime bien sa fuite. La forme, ici, est au service du fond. Le passage trop rapide des années, des générations, est symbolisé par des phrases syncopées qui s’achèvent par des points de suspension, instants d’hésitation pour le personnage, mais qui sont en réalité des années pour les Terriens ordinaires. Instants d’hésitation pendant lesquels le monde vieillit, pendant lesquels les choses se désagrègent. Comme on le voit, la nouvelle baigne dans une atmosphère poétique qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler certains textes d’Élisabeth Vonarburg. Nous pensons notamment à la nouvelle « …Suspends ton vol ». Il y a là une influence certaine, non seulement en ce qui a trait au style, mais aussi en ce qui a trait au thème et à la façon de le traiter. À découvrir. [SN]

  • Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 17-18.