À propos de cette édition

Éditeur
Québec Amérique
Titre et numéro de la collection
Jeunesse - 23
Genre
Fantastique
Longueur
Novelette
Format
Livre
Pagination
128
Lieu
Montréal
Année de parution
1989
ISBN
9782890374393
Support
Papier
Illustration

Résumé/Sommaire

Line Hotte aime les oiseaux par-dessus tout. Elle rêve constamment de vol, de nuages et de ciel ; sa chienne s’appelle Ange. La tourterelle qu’on lui a donnée à sa fête, elle l’a baptisée Trampoline. Elle lui parle, et Trampoline lui répond. Lorsque l’oiseau semble dépérir, Line lui ouvre sa cage. Trampoline se fera un ami, Ti-Coq, un tourtereau.

Par contre, Line déteste ce rouquin de François Lacasse que le hasard s’obstine à placer sur son chemin. Heureusement, il a peur des chiens.

C’est cette peur qui provoque un accident : François se retrouve à l’hôpital à cause d’Ange. Ce sera l’occasion pour lui de déclarer son amour à Line puis, avec bien des réticences, l’occasion pour Line de se rendre compte qu’elle tient à lui malgré tout.

Les deux jeunes se noieront accidentellement en voulant aller libérer leurs tourterelles à l’Île du Jour. Ils se réincarneront dans les corps ailés de Trampoline et de Ti-Coq et assisteront avec émoi à leurs propres funérailles.

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Commentaires

La Tête de Line Hotte est une métaphore de l’imagination, de la poésie, de la création littéraire. Line est une rêveuse, elle passe des heures à contempler les nuages et à laisser vagabonder ses pensées. Par ce personnage, Jasmine Dubé évoque la liberté d’esprit de l’écrivain, de l’artiste en général.

L’écriture de Jasmine Dubé est imagée, elle joue sur les mots d’une manière fantaisiste et poétique, rapprochant deux termes pour en former un troisième, ouvrant les locutions et les expressions courantes telles de petites fleurs de papier pour nous révéler les couleurs qui sont à l’intérieur. Avec une grande simplicité, Jasmine Dubé, maîtresse du hasard dans la fiction qu’elle crée, produit une intrigue admirablement tissée – une dentelle – où chaque fil se noue aux autres, et où rien n’est mis en place à la légère.

Quelle belle histoire ! Ancré dans la réalité sans être lesté par elle, le récit met en scène une adolescente de famille monoparentale, mais ni victime ni malheureuse. Pas de téléroman pour Line Hotte ! Puis, mine de rien, le quotidien bascule dans le surnaturel – je dirais s’envole vers le surnaturel, comme s’il s’oubliait, avec la légèreté et le naturel d’une plume soulevée par un courant d’air. Les tourterelles parlent, même les chiens (mais avec réticence, grognons qu’ils sont). Et l’âme des enfants vient habiter les oiseaux, voir par leurs yeux et s’évader par leurs ailes, dans le rayon de soleil qui traverse une lucarne.

Paragraphe après paragraphe, c’est le plaisir de la découverte des mots, une lecture parfaitement ludique grâce à l’ingéniosité qu’a déployée l’auteure en brodant son récit. Pas de ces jeux de mots hilares et criards dont certains auteurs abreuvent leurs jeunes lecteurs, ces lourds calembours qui camouflent l’absence de propos. Non, ici tout est sourire, la douceur d’un nuage blanc et la fraîcheur d’une brise. Fleur bleue ? Que non ! Dieu sait si je déteste le gnangnan. Dans La Tête de Line Hotte, tous les effets sont mesurés, chaque mot pesé, les sentiments justes et les paroles comptées. Même la fin triste, qui pourrait si facilement virer au mélo ou au pathos, est un bijou de sobriété.

Une décision courageuse de Jasmine Dubé, que ce dénouement. En entrevue, elle a révélé avoir écrit trois fins possibles : l’éditeur lui en avait laissé la liberté, tout en la prévenant que les happy ends se vendent bien mieux. Mais le plus grand rêve de Line était de voler, son âme pourvue d’ailes, et l’auteure ne pouvait qu’accéder à son vœu. Les acheteurs auront peut-être été moins nombreux, mais pour ceux et celles qui auront lu le livre, les yeux brouillés de larmes au dernier chapitre, c’est une lecture qui leur restera en mémoire jusqu’à l’âge adulte et même au-delà. [DS]

  • Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 234-235.

Références

  • Madore, Édith, Les 100 livres québécois pour la jeunesse qu'il faut lire, Québec, Nota bene, p. 217-218.