À propos de cette édition

Éditeur
Le Vingt-quatre juin 1880
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Vingt-quatre juin 1880
Pagination
7
Lieu
Québec
Année de parution
1880

Résumé/Sommaire

En 1980, à la demande de ses petits-fils, un grand-père raconte l’histoire de la visite du vrai Jean-Baptiste lors de la fête nationale de 1880. C’est d’ailleurs grâce à la générosité que témoigna alors le patron des Canadiens français que la nation a pu prospérer pendant le dernier siècle. En effet, constatant la pauvreté de son peuple si pieux, Jean-Baptiste, avant de repartir dans un grand éclat de lumière vers sa demeure céleste, offrit au président de la procession une réplique en diamant de sa tête…

Commentaires

Sous-titré « Légende pour nos arrière-petits-neveux, en 1980 », « La Tête de saint Jean-Baptiste » a été écrit spécialement pour commémorer les célébrations particulières de la fête nationale qui se tinrent en 1880 à Québec. Plus imposantes qu’à l’habitude, les célébrations soulignaient en même temps la présence dans les murs de la vieille Capitale d’une grande convention nationale réunissant des Canadiens français venus du Canada entier et des États-Unis.

Malgré la thématique fantastique, ce conte de Wenceslas-Eugène Dick doit être rangé dans le genre science-fiction puisqu’il anticipe la réalité du siècle à venir – des chemins de fer relient Québec à Tadoussac à Chicoutimi, deux ponts enjambent le fleuve entre Lévis et Québec, le lac Saint-Jean a été asséché afin d’en faire une plaine fertile, trois millions de Canadiens français vivent au Saguenay, sept millions dans la province de Québec…

Au début du XXIe siècle, ces prédictions, dont quelques-unes se sont effectivement réalisées, acquièrent un intérêt qu’elles ne pouvaient avoir à l’époque. Et c’est exactement l’inverse qui se produit avec l’histoire racontée par le grand-père, directement issue du profond enracinement religieux du peuple canadien-français d’alors (Gaston-P. Labat reprendra d’ailleurs l’idée neuf ans plus tard dans deux courts textes, « Un voyageur céleste » et « Retour du voyageur céleste »).

Par ailleurs, il faut noter l’excellente plume de Dick. Considéré comme le père du roman d’aventures au Canada français, l’homme a cette facilité à démarrer une histoire et à recréer un contexte qui ne trompe pas : il sait comment enchaîner la phrase pour donner du rythme, et l’intérêt du lecteur est toujours sollicité par la qualité d’une description, la vivacité d’un dialogue ou la vitesse de l’action.

Un bien sympathique texte, donc, qui a bien sûr vieilli, mais qu’on saura encore apprécier, ne serait-ce que pour la nostalgie surannée qui se dégage de sa partie anticipative. [JPw]

  • Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 63-64.