À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans un monde futuriste où la vie est entièrement régie par l’immense cerveau positronique Algo selon le principe voulant que l’ordinateur soit Tout à Tous pour Tout, Jean-Pierre (Jipé) est un jeune marié qui travaille comme agent de sécurité. Avec l’aide de son ami Brice Forest, il a réussi une première série de tests d’admissibilité physique et psycho-physiologiques. Pour accéder aux postes disponibles dans l’Administration, il lui reste à passer les tests de connaissances scientifiques, ce qu’il va faire de justesse grâce au soutien de Brice. Ce dernier est recalé, toutefois, et Jipé perd de vue son ami lorsque leurs destins divergent.
Commentaires
La fiction n’est pas loin de la réalité dans cette nouvelle de Marc Vaillancourt. Après tout, la fonction publique québécoise actuelle impose ses propres tests d’admission aux candidats à un poste qui garantit « une aisance raisonnable » (p. 14). La société technocratique de Vaillancourt est en quelque sorte un hommage aux ambitions sous-jacentes de l’ancienne science-fiction, le lien étant souligné par des références à ses rêves techniciens périmés, du cerveau positronique au trottoir mobile. Si la science-fiction d’hier a engendré une technocratie « inhumaine » (p. 17), elle a également fait l’erreur de surestimer la bienveillance d’une gestion totalement dépersonnalisée par des programmes informatiques.
L’ordinateur Algo – Algo comme algorithme ou peut-être comme le mot grec pour la douleur – est non seulement l’organisateur suprême de la société, mais aussi son gardien toujours aux aguets. Le moindre accroc à l’orthodoxie entraîne une répression implacable. La culpabilité trouble éprouvée par Jipé, qui se sent redevable à Brice pour son aide, est à la limite de la subversion. Mais Jipé est un trop bon instrument et il ne trouve pas d’échappatoire à la logique du « moins mauvais des mondes » (p. 18). Ainsi, le succès de Jipé cache non seulement une victime, il cache aussi un aveu d’impuissance qui pourrait être également celui de l’auteur. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 185.