Résumé/Sommaire
Tom Blake est un agent secret indépendant, qui travaille pour le service le plus offrant. Le docteur Perklus Strauss est un Aryen, c’est-à-dire le dernier survivant du peuple atlante originaire de Mars. Et Léonie Blouin est une agente du Service Secret Québécois (SSQ) qui est parvenue à devenir la compagne du docteur Strauss pour mieux déjouer ses plans meurtriers.
Blake se trouve à bord d’un paquebot atomique que Strauss va détourner afin de s’emparer de son réacteur atomique, dont il a besoin pour propulser son vaisseau spatial vers Mars. Le paquebot, son équipage et ses passagers aboutissent dans une île du Pacifique où Strauss a installé sa base secrète à l’intérieur d’un volcan. Blake est fait prisonnier, s’échappe, est capturé de nouveau par le bras droit de Strauss – un colosse noir dénommé Tounga – et se fait hypnotiser par le docteur, n’échappant à l’annihilation de sa volonté qu’avec l’aide de Léonie.
Dans ses laboratoires, le docteur Strauss procède aussi à des transferts de connaissances en ponctionnant le cerveau des savants qu’il a recrutés ou capturés. Il a sous ses ordres des « indigènes » appelés les wambazis qui vénèrent le dieu Katoul. Lorsque Léonie sabote l’équipement de survie de l’Atlante, celui-ci décide de l’immoler en offrande à la déité et il condamne Blake peu de temps après à finir ses jours dans les plantes mangeuses d’hommes de l’île. Pendant ce temps, Strauss accélère ses préparatifs de départ puisque le volcan menace de faire éruption.
Toutefois, Blake électrocute la plante qui essaie de le digérer et il sauve Léonie. Ils arrivent à fuir l’île à bord d’une vedette rapide, assistant à la destruction de la fusée de Strauss par l’éruption. Pour eux, c’est le début d’une relation plus que chaleureuse.
Commentaires
Labrèche signe-t-il ici une formidable déconstruction de la littérature d’aventures du vingtième siècle, de IXE-13 à James Bond, en passant par Bob Morane ? La dénomination de la collection, « Fantasmes », dont c’est le premier volume, permettrait d’envisager une décision consciente d’exploiter la fantasmatique de l’aventure héroïque au cinéma, à la télévision et dans la littérature. Du capitaine d’un navire de croisière qui s’appelle Burt Selleck (à mi-chemin entre Burt Reynolds et Tom Selleck) à un personnage comme le docteur Strauss (hybride du docteur No, d’Ernst Blofeld et de Monsieur Ming), les réminiscences des grands classiques de l’aventure sont nombreuses.
Pourtant, même si les indigènes au service du docteur Strauss vont jusqu’à scander « kum ba ya » en adorant leur dieu, l’humour de l’auteur semble de plus en plus involontaire et un quelconque second degré de moins en moins décelable. Des coquilles parsèment le texte et le recours aux ficelles les plus usées du romanesque est plus ennuyeux que désopilant. Des digressions interrompent parfois le fil de la narration, insérées sans aucun doigté. Plusieurs scènes intercalaires mettent en scène les collègues de Léonie Blouin au sein du SSQ, mais leur rôle dans l’histoire se borne à une arrivée opportune sur les lieux après la destruction de la fusée du docteur.
Ni hommage ni pastiche ni inventaire des procédés, le roman de Labrèche souhaitait peut-être verser dans l’exploitation d’une formule pour le plus grand plaisir des amateurs, dans la veine des romans en fascicules de l’époque de Pierre Saurel, mais le résultat est trop hétéroclite pour procurer la satisfaction propre à l’utilisation à bon escient d’une recette qui a fait ses preuves.
Bref, on ne peut décrire ce court roman que comme une pochade. En avançant dans ce texte qui s’obstine à ne pas prendre vie, le lecteur se rappellera surtout les scènes correspondantes de films de James Bond. Sauf que Tom Blake est nettement plus falot que James Bond. Il passe son temps à se faire capturer et à s’évader, mais il doit se faire expliquer la situation par Léonie et elle prend aussi la direction des opérations quand ils sont ensemble. Il aurait été plus juste d’intituler ce récit Léonie Blouin contre le docteur Strauss, mais un tel effort d’originalité n’était de toute évidence pas à la portée de l’auteur. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 110-111.