Tout le monde meurt et ça va très mal

Sous l’autorité d’un certain Courvier, un Projet a été mis sur pied pour trouver une explication à des événements étranges. Le Projet réunit un groupe de personnes qui sont liées de près ou de loin aux événements en question. D’entrée de jeu, ces individus sont confrontés à une situation de crise puisque de nouveaux faits inexplicables mettent en danger le Projet lui-même. Dès lors, les événements se précipitent et les personnages « disparaissent », soulevant l’hypothèse d’un monde fictif placé sous l’emprise d’un auteur-dieu. L’action glisse naturellement jusqu’à sa chute : la mort de Vincent, le personnage principal.

Variation sur le thème des personnages prenant conscience de leur condition et du narrateur prenant le lecteur à témoin, la courte nouvelle de Gauthier a le mérite de remplir sa promesse : Tout le monde meurt et ça va très mal. Il s’agit visiblement d’un exercice de narration, sorte de gageure de l’auteur pour exprimer le paradoxe d’une histoire où l’auteur, le personnage principal (et le lecteur ?) ne font qu’un.

Bien que l’ensemble soit bien attaché et que le rythme soit approprié, il n’en demeure pas moins que l’intérêt de ce genre d’exercice demeure très limité. Quand tout est possible et qu’il n’y a pas de règle (encore que l’auteur n’exagère pas dans le désordre), le jeu de la lecture perd de sa saveur. Quant à y voir une illustration de la marionnette humaine face à son créateur, celle-ci n’apporte rien de plus au lecteur. [JD]

• Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 81.