À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Courte nouvelle
Paru dans
imagine… 74
Pagination
141-143
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1996
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Le narrateur, un simple commis au bureau des immigrants, est confronté à une multiplication de Georges-Henri Leduc, tous différents, dont certains sont même de sexe féminin. Or, toute vérification d’identité, y compris en ce qui concerne l’entrée dans un pays par un immigrant, se fait au moyen d’une puce biométrique ; et si l’original est devenu un clochard après s’être fait voler puis cloner sa puce lors d’un voyage à l’étranger, le narrateur, qui met la main sur l’une de ces puces, prend lui aussi l’identité de Georges-Henri Leduc, pdg de la firme TUART Inc.

Commentaires

Jean-Pierre April nous livre ici une autre de ses petites nouvelles à l’humour noir décapant et réussi, où l’intrigue est savamment orientée vers la finale un brin ironique. On nage ici dans l’absurde le plus complet dans ce qui se veut une forme de critique de la bureaucratie dans ce qu’elle a de plus déconnecté de la réalité. Car la lecture de la puce biométrique et son acceptation subséquente surpassent toute autre considération, même devant la réalité d’un quatrième Georges-Henri Leduc de la matinée, cette fois-ci de sexe féminin, dont la demande d’immigration doit nécessairement être acceptée parce que sa puce certifie qu’il s’agit bel et bien du Leduc en question… même s’il faut être aveugle pour ne pas reconnaître la supercherie.

Le commis n’occupant finalement qu’un poste de figuration, son inutilité apparente le place devant l’absurdité même non seulement de sa propre condition, mais également de l’ensemble de la société dans laquelle il évolue. Or, en tout bon parasite du système dont il profite, le narrateur, loin de se révolter contre cette sclérose sociétale, embrasse celle-ci en devenant lui-même une autre incarnation de Georges-Henri Leduc, alors que tous les détenteurs d’une puce, s’ils sont tous conformes aux yeux de la loi et peuvent conséquemment jouir du statut social du Leduc d’origine, demeurent néanmoins « tous aussi incompétents que lui » (p. 142).

L’ensemble a ce petit quelque chose d’indéfinissable qui nous fait rire jaune, et qui est la marque de l’humour noir réussi. [MRG]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 7-8.