À propos de cette édition

Éditeur
Liberté
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Liberté 180
Pagination
10-19
Lieu
Montréal
Année de parution
1988

Résumé/Sommaire

Rufus Colpit Gadine est un joueur. Pour une ultime fois, il part de la maison où il s’est chicané avec Paula, sa femme. Seul dans sa voiture, Colpit erre en ville. Il voit sa femme en vision, entend sa voix cynique, puis d’autres femmes encore… Colpit prend la direction du Ranch L’Moore. Peggy, la patronne, l’accueille en roi, il exécute quelques tours de cartes pour le plaisir des clients et de la chanteuse noire. Paula apparaît à sa table, l’œil méchant, puis à nouveau, en compagnie de deux vieillards vêtus en croque-morts, alors qu’il sort. Au lieu de prendre la direction de la maison, Colpit dirige sa voiture vers les Cantons de l’Est. Lorsque l’orage débute, l’auto tombe en panne au milieu d’un passage à niveau. Au loin, le train siffle, siffle, s’approchant…

Commentaires

« Rufus Colpit Gadine [...] est en train de mourir, son heure est venue, mais il ne le voit pas. » Dans la courte présentation de l’auteur qui précède cette nouvelle déguisée en extrait, Lapierre prépare son lecteur à ce qui va suivre, oriente sa pensée afin qu’il voie ce qu’il a bien voulu mettre dans son texte. Une sorte de conditionnement, donc : il y aura des visions annonciatrices de mort, mais le protagoniste ne s’apercevra de rien, même pas à la toute fin. Le pourquoi de la mort l’aveugle, et il ne cherche pas à savoir le comment.

Le résultat de cet exercice est éblouissant, grâce surtout à une étonnante maîtrise du climat généré. On se croirait transporté à cette époque du “noir”, de la fumée de cigarette omniprésente et de la batterie doucement frottée dans la pénombre alors qu’une chanteuse sussure de sa voix rauque un air nostalgique. C’est dire comment le lecteur que je suis s’est fait bercer par cette écriture excellente, sûre d’elle-même, qui peint les personnages de façon efficace, concise, tout en temporisant avec une rigueur de bon aloi la gradation de l’action jusqu’à la chute finale, inéluctable… et annoncée !

À lire, non pour l’élément fantastique déployé, qui est fort mince, mais pour la prose, impeccable. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 312.