À propos de cette édition

Éditeur
CEULa
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
L'Écrit primal 15
Pagination
128-141
Lieu
Sainte-Foy
Année de parution
1993
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Le père de Louison est mourant. Louison attend impatiemment le retour de Dodose, son frère, mais celui-ci tarde à revenir du camp de bûcherons. Il part donc à sa recherche. Il n’a toutefois aucun souvenir de son départ et ne reconnaît pas les deux hommes qui l’accompagnent lors de la traversée du fleuve. Ils ne retrouvent pas Dodose. À leur retour, ils sont surpris par une tempête. Louison voit une lueur, suivie d’un grand trou noir. À son réveil, il entend sa mère et des voisins dire qu’il s’était aventuré seul sur le fleuve. C’est alors qu’il se rend à l’évidence : il était accompagné des âmes de Dodose et de son père.

Commentaires

Louise Boily a gagné le troisième prix du concours de nouvelles du Cercle d’Écriture de l’Université Laval avec ce texte, son premier à être publié. La nouvelle s’intitule « La Traversée du Styx ». Louison traverse bien un fleuve, le Saint-Laurent. Il doit y affronter une tempête : c’est son enfer et il y survit. Il n’en fallait pas plus pour que la comparaison avec Achille, que l’eau du Styx a rendu invincible, ne survienne dans l’avant-dernier paragraphe. À la lecture, j’ai eu l’impression que cette comparaison venait un peu de nulle part, qu’elle n’était là que pour créer un effet d’intertextualité : Louison a bien survécu, mais il n’est pas en grande forme et est très loin d’être invincible.

L’atmosphère qui se dégage de ce texte nous rappelle la forme de la légende. J’étais assez enthousiasmée par cet aspect. On est au Québec, dans une petite paroisse insulaire, à une autre époque, possiblement à la fin du XIXe ou au début du XXe siècle. Alors que le texte nous ancre dans le réel, quelques marques ici et là, surtout concernant la mystérieuse traversée du fleuve par Louison, nous entraînent peu à peu vers l’invraisemblable. Par sa dernière phrase, le texte bascule dans le fantastique : les deux accompagnateurs inconnus étaient des âmes. Nous comprenons en même temps que le père et le frère de Louison sont morts. Cet aspect reste toutefois nébuleux. Nous ne comprenons pas vraiment quand ceux-ci sont morts (probablement avant que Louison ne s’embarque sur le fleuve, puisque les deux âmes sont déjà avec lui). S’ils étaient déjà morts avant la traversée, Louison était-il au courant ? Le discours de la mère que Louison entend à son réveil ne nous éclaire aucunement sur ces points. Peut-être que ce flou de compréhension était voulu par l’auteure mais, pour ma part, je trouve que cela nuit grandement à la qualité du texte.

L’enthousiasme premier a laissé place à une amère déception à la fin de la lecture. Ce n’est pas un mauvais texte, mais l’écouteuse d’histoire en moi n’a pas été satisfaite de cette lecture. [LA]

  • Source : L'ASFFQ 1993, Alire, p. 24.