À propos de cette édition

Résumé/Sommaire
La jeune femme du titre est laide, boiteuse et naine (deux pieds trois pouces, nous précise-t-on). Elle mène une vie de misère dans un logis sordide où elle couve, pendant plus de neuf ans, un gros œuf bizarre qu’elle a trouvé dans une poubelle. Un ptéranodon verdâtre finit par éclore. Elle en fera son animal de compagnie, malgré les interdictions prévues à son bail, et ira jusqu’à l’épouser (« au civil »). Ce n’est toutefois pas l’absurdité qui scellera le destin tragique de Dieudonnée Latendresse, mais bien Pet-Pet, son volatile, qui l’égorgera d’un coup de bec durant son sommeil.
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Commentaires
Cette histoire d’une page, dans une typographie minuscule, est une sorte de conte insensé, divertissant si l’on aime l’humour absurde. Claire Dé s’exerçait ici à un style, hélas pas rare et se perpétuant jusqu’à nos jours, caractérisé par une certaine ivresse des mots. Mais une griserie pas très raffinée, dans l’esprit « qu’importe le vin pourvu qu’on ait l’ivresse ». Ce serait plus juste de dire qu’elle se gargarisait de mots, pas toujours employés avec justesse, pas toujours pertinents, mais ronflants. « Superfétatoire », « ratiociner », « houspiller », « achromatopsie »… Ici et là, on voit ce que Claire Dé a voulu dire, on n’est pas sûr qu’elle ait choisi le mot juste, ni même que le verbe existe (« chauviner », « glutiner »). Quelquefois, on constate qu’elle a placé un adjectif parce que, dans le dictionnaire, il voisinait le substantif dont elle venait de vérifier l’orthographe, ce qui donna par exemple un « ptérosaurien ptyalismique ». Eh oui, dans l’instant de cette phrase, mais nulle part avant ni après, et sans que cela ait d’incidence sur l’histoire, le volatile salivait beaucoup.
Plus désolante, une faute que nul ne semble avoir relevée : en évoquant le bail qui régissait le logement de Dieudonnée, Claire Dé cite « l’interdiction […] de ne pas actionner la chasse d’eau entre vingt-et-une heure trente et six heures, […] de ne pas jouir de la présence de quelque animal que ce fut ».
Bien qu’il fût contemporain de ma jeunesse, Hobo/Québec ne m’était pas connu, autrement que de nom. J’ignore donc si ce genre de laxisme y abondait, et si l’ivrognerie lexicale y était la norme. [DS]