À propos de cette édition

Éditeur
Sans âge
Genre
Fantastique
Longueur
Recueil
Format
Livre
Pagination
210
Lieu
Saint-Romuald
Année de parution
1999
ISBN
9782921679558
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Commentaires

Jean-François Blais est visiblement tout imprégné de ses maîtres littéraires : Poe, Stoker, Shelley, Lovecraft. Mais il est encore loin de rejoindre leurs qualités littéraires. Son écriture est souvent maladroite – par exemple, le baron Johann Klein (dans « L’Étalon ») dit qu’il sombrait « dans un état à mi-chemin entre la folie et la sérénité », n’est-ce pas l’équilibre normal ? ou encore il parle de « fâcheuse stupidité », quel pléonasme ! –, s’étiolant dans des longueurs lassantes. Ses narrateurs nous rappellent des faits que nous venons tout juste de lire ou définissent des termes inutilement (comme de nous révéler qui était Louis Pasteur !). Blais, par ce souci didactique, croit-il s’adresser à des lecteurs possédant moins de mémoire et de culture que lui ?

Dans le premier conte, comme dans tout le recueil, l’auteur recycle le vieux thème de la vengeance surnaturelle. Le comte se réincarne dans un cheval enflammé afin de punir le baron. En toile de fond, le lecteur comprend à quel point les personnages du XIXe siècle sont imprégnés des croyances religieuses catholiques : il ne faut pas provoquer les puissances du mal. Celui qui commet une faute sera puni par où il a péché : le baron meurt brûlé pour avoir tué par le feu tout comme Steele dans « Animation », pour avoir envoyé au bûcher les soi-disant suppôts de Satan ; et les entomologistes Daudet et Lecoq dans « Les Phalènes » sont tués par des papillons faisant l’objet d’une querelle entre eux. Comme le dira Daudet, il y a toujours une oreille attentive quelque part en enfer qui réalise les désirs de ceux qui l’invoquent. Mais le mal ne distingue pas bien qui est l’agresseur et qui est l’agressé. Le feu, hors de contrôle, détruit la bien-aimée du baron, les épouvantails s’attaquent à la population en général et les papillons vont tuer celui qui est à l’origine du mauvais sort.

Le second conte, « Animation », exploite le genre épistolaire. On peut y lire surtout la correspondance du révérend Joseph Steele et du révérend William Burton et celle de Howard Addison et de Felecia Byrd, en plus de quelques autres lettres. L’action se passe dans les mois de septembre et d’octobre 1637. L’écriture de l’auteur a un petit quelque chose de naïf : on sent venir ses rebondissements à cent lieues. Les indices qu’il laisse sont trop gros, cela manque de subtilité. Par exemple, on apprend dès le début que Miss Dowland a un chat noir, alors que l’on sait que Steele les associe au mauvais esprit. Il y a des trous noirs dans la psychologie des personnages : pourquoi l’amant de Felecia Byrd la menace-t-il de la dénoncer à l’inquisiteur s’il l’aime autant qu’il le lui dit ? C’est ridicule. Cette écriture manque simplement d’une maturité qui lui viendra avec le temps.

Je pense que l’éditeur n’a pas fait son travail convenablement : Jean-François Blais a assurément du talent et beaucoup de culture (le deuxième conte est le meilleur du recueil : le suspense y est assez bien maintenu, même s’il se termine de façon un peu confuse), mais il manque l’appui d’une direction littéraire ; on aurait dû lui indiquer les pièges à éviter, les passages à réécrire, les fautes linguistiques à ne pas faire. Par exemple, la malédiction de Lecoq à l’endroit de Daudet est digne d’un collégien. Il suffit de constater le bon nombre de coquilles, de remarquer la pellicule de plastique de la couverture qui décolle pour conclure qu’un certain laisser-aller imprègne l’ensemble de cette édition. L’éditeur n’aurait pas dû nous parler du « bac à recyclage » de l’auteur en quatrième de couverture. On a l’impression que ces histoires sont les moins pires de toute sa production. [FL]

  • Source : L'ASFFQ 1999, Alire, p. 20-22.

Références

  • Lafrance, Pierre-Luc, Ailleurs 1, p. 72-75.