À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Trois vieilles femmes sont assises sur un banc de parc, dans une ville qui n’est jamais nommée mais qui ne peut être que Montréal. Elles sont mortes, mais leur âme, plutôt que de transiter vers le Paradis, semble être restée prisonnière du monde matériel.
La Centrale se préoccupe de mémoriser les 713 énoncés qui régissent la vie après la mort, mais ceux-ci deviennent de plus en plus longs et compliqués à mesure qu’elle avance dans son livre. La plus Grosse des deux petites, elle, découvre peu à peu que les énoncés de la Centrale ne sont pas des lois absolues : elle se rend compte qu’elle peut quitter le banc de parc et suivre des gens dans leurs activités.
La troisième vieille, la Vociféreuse, se rebelle d’emblée contre sa condition. Son corps était infirme dans sa vie terrestre, et son âme a gardé la même forme. Rapidement, elle en vient à se quereller avec la Centrale, qui l’accuse d’être un démon venu les induire en tentation. Car n’est-ce pas là leur purgatoire qu’elles endurent, ces vieilles sur un banc de parc ?
En se disputant, en suivant la vie de certaines des personnes qui se promènent dans le parc, en assistant à diverses manifestations plus ou moins surnaturelles, chacune des trois vieilles en viendra à atteindre une meilleure compréhension de la vie après la mort. Et chacune à son tour, chacune à sa manière, elles se gagneront leur ciel.
Commentaires
La mode étant à la pensée positive, que pouvons-nous dire de bien sur ce livre ? Voyons : le lettrage de la couverture est très joli ; l’encre et le papier sentent bon… Ça s’arrête là. Trois vieilles est sans conteste le bouquin le plus moche que j’aie lu de toute mon existence. Si seulement c’était un navet savoureux, un de ces livres à la prose tellement maladroite et ronflante qu’on en rit aux éclats ! Mais non. L’écriture de Glenn St-Yves est insupportablement mauvaise, certes, mais elle reste d’une platitude à se taper la tête contre les murs.
Et l’histoire ? Il n’y en a pas, ou plutôt il y a une série d’incidents arbitraires et totalement ennuyants. Quant au “message” du livre, je suppose que l’auteur en avait un à livrer ; moi, tout ce que j’ai pu trouver, c’est « hostie que les gens sont stupides et prétentieux », « hostie que l’art moderne est une hypocrisie », et « hostie que la religion a des idées étroites sur ce qui est bien ou mal ». S’il y avait autre chose, mon esprit assommé par 273 pages d’incompétence littéraire crasse ne l’a pas remarqué.
Au cas où vous vous retrouveriez avec un exemplaire de ce livre sur les bras, et que vous n’auriez ni foyer ni poêle à bois, j’ai réfléchi pour vous à l’usage que vous pourriez en tirer. Je vous propose donc deux jeux. 1) Le blackjack des virgules : chaque joueur choisit une page de Trois vieilles au hasard ; il y compte le nombre de virgules syntaxiquement en excès et soustrait le nombre de virgules manquant à l’appel. Le joueur dont le total est le plus près de zéro, tout en conservant une valeur positive, gagne. 2) La patience des verbes : ouvrez le livre au hasard et essayez de lire cinquante-deux lignes de suite sans tomber sur un verbe au passé simple qui aurait dû être au plus-que-parfait, ou au futur simple plutôt qu’au conditionnel. Vos chances de réussite sont minces.
Il y a quand même un bout du livre qui mérite le détour. Après 240 pages d’inepties, nous avons droit à une scène délicieuse (façon de parler) où une Rollande qui se pense écrivaine s’assied à côté de la Centrale fantomatique, laquelle lui télépathe des opinions peu flatteuses, la délivrant ainsi de ses illusions littéraires. Par la suite, expliquant à la Grosse ses actions, la Centrale dit ceci : « Je ne dis pas qu’elle écrivait mal, mais ce n’était pas tout à fait, de la haute littérature ses petites phrases. Dans le fond je viens de lui donner un sens critique. Un sens critique qui ne peut, que lui être bénéfique. » Sic, sic et re-sic.
Monsieur St-Yves, si je pouvais, à mon tour… [YM]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 183-185.
Références
- Sernine, Daniel, Solaris 103, p. 37.