À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Pourvu d’une troisième jambe, Louis supporte de plus en plus mal l’attitude des habitants de son village à son égard. À vingt-deux ans, il décide de quitter pour toujours son patelin. Une jeune femme en route vers le sud le fait monter dans son auto. Au fil de la conversation, Louis apprend qu’Adéline doit elle aussi vivre avec un handicap. Il trouvera chaussure à son pied – le troisième…
Commentaires
Dans le genre humour mâtiné de fantastique ou de science-fiction, François Barcelo demeure la référence. Ses nouvelles ne sont pas inoubliables mais elles n’ennuient jamais. Claude Mayrand appartient à la même famille.
Le poids du fantastique dans l’économie de ce texte est plutôt léger. Hormis la situation de départ – le protagoniste doté d’une troisième jambe à la place du sexe –, il n’y a guère de carburant pour alimenter le moteur « à fantastique » de la nouvelle. Les handicaps de Louis et d’Adéline évoquent surtout les images surréalistes de Dali, vous savez, ces femmes avec un tiroir à la place des seins ou une poignée de porte dans le front !
Pas de complaisance dans le malheur ou d’apitoiement sur le sort du personnage principal mais plutôt une façon de dédramatiser la condition des personnes handicapées dans ce texte qui a remporté le premier prix du concours de nouvelles de la revue Stop. La nouvelle devait commencer par « Sa décision était prise ».
Claude Mayrand exploite parfois un peu trop certaines métaphores qui alimentent le côté absurde du texte – notamment sur la conversation qui prend beaucoup de place dans l’auto au fil de la route, au point que les occupants doivent jeter certaines choses par les fenêtres ! À trop étirer la sauce, le mets perd de sa saveur. Toutefois, la chute est vraiment réussie même si on la pressent. Et il y a un léger parfum d’érotisme qui flotte sur cette nouvelle qui semble vouloir être l’illustration de l’expression « prendre son pied ».
« La troisième jambe » repose avant tout sur un humour bon enfant qui fait tout son charme. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 126.