À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un menuisier vit humblement avec sa femme et son fils. L’homme fabrique une chaise pour son épouse. Alors que la dernière couche de vernis sèche au grand soleil, le roi vient à passer. En admiration devant le travail du menuisier, il lui commande un trône. Le menuisier est pris d’effroi à l’idée de ne pas réussir, car le roi sera sans merci. Il travaille dans la crainte et l’inquiétude, vérifiant dix fois plutôt qu’une ses mesures. Le jour convenu, le tyran vient prendre possession de son trône. Malheur ! Le fauteuil est trop étroit. Le roi s’avance vers le père, décidé à le châtier. L’enfant et la mère s’approchent doucement du trône et réussissent miraculeusement à corriger l’erreur. Le roi, saisi par cette manifestation d’ordre divin, s’agenouille pour baiser les pieds de l’enfant.
Commentaires
Ce conte religieux pour enfants (ou pieuse légende selon l’auteure) met en scène Joseph, Marie et l’enfant Jésus. La première moitié du récit consiste en une description des conditions de vie de l’humble famille. Le lexique est essentiellement mélioratif. Tout ce qui entoure les trois personnages relève de la grâce, de la beauté et de la générosité. Plus particulièrement, l’enfant révèle une grandeur d’âme exceptionnelle, de même qu’une intelligence et un talent remarquables. Les dirigeants du pays sont par contre présentés comme des êtres cruels et tyranniques. On ne trouvera donc aucune nuance dans le portrait des personnages : les enfants distingueront facilement les bons des méchants.
L’autre moitié du récit raconte la visite impromptue du roi et sa requête, l’angoisse de l’ouvrier jusqu’au jour tant redouté. L’auteure insiste sur la peur grandissante du menuisier, de manière à nourrir le suspense. Le miracle de la mère et de l’enfant, comme dénouement à la situation dramatique, n’en sera que plus impressionnant. Tout au long du récit, Mme Dandurand prend aussi soin de préserver l’anonymat des personnages. Ce n’est qu’à la toute fin que l’enfant apprend l’identité du petit Jésus, alors qu’une lumière mystique éclaire la scène.
« Le Trône miraculeux » est un joli conte bien construit, mais plus proche du merveilleux que du fantastique. L’intervention de l’irrationnel ne génère pas d’angoisse puisqu’elle est l’œuvre de Dieu et non du diable. Et personne ne remet en question la nature de ce qui se produit, ne doute de la « réalité » du miracle. L’admiration devant l’enfant Jésus qui réussit à transfigurer les êtres les plus cruels l’emporte sur l’inquiétude. Contrairement à la majorité des contes de l’époque, l’auteure cherche ici à inciter « positivement » au bien… [RP]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 60-61.