À propos de cette édition

Éditeur
La Petite-Nation
Genre
Science-fiction
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
211
Lieu
Saint-André-Avellin
Année de parution
1985
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Simon et Rémi profitent d'une semaine de vacances et quittent le Canada pour les États-Unis en chevauchant leurs Harley-Davidson. Alors qu'ils s'étaient arrêtés pour quelques minutes dans un petit restaurant, Simon se découvre un intérêt soudain pour Sharon, la jeune serveuse. Elle les invite chez elle où habite aussi Ann, une amie. Très vite, Rémi se sent une forte attirance pour cette dernière.

Mais un mystérieux individu espionne Sharon. Inquiet, Simon voudrait en savoir plus. Peine perdue : Sharon ne veut rien dire malgré son affection profonde pour lui. Durant la nuit, alors que les deux garçons dormaient chastement sous la tente placée sur le terrain face à la maison, Sharon est enlevée. L'enquête policière ne mène à rien et Simon, Rémi et Ann se lancent alors désespérément à la recherche d'indices. Un étrange personnage les enlève et les conduit jusqu'à un abri anti-atomique camouflé. Là, Simon retrouve Sharon escortée par quelques individus qui se révèlent être des scientistes.

Après avoir expliqué les raisons de leur capture, ils exposent les buts qu'ils poursuivent. Ces savants, dirigés par le professeur Horst Valline, s'opposent à l'escalade nucléaire à laquelle se livrent les deux grandes puissances. Ils ont choisi d'utiliser une arme indécelable garantissant leur impunité et dont la toute puissance détruira, à son retour de l'espace, une navette américaine équipée de lasers qui menace, par son armement, le fragile équilibre des forces entre les deux Grands. S'attaquant ensuite aux satellites des deux nations pour rendre ces dernières aveugles et impuissantes, ils enverront de plus un émissaire porter un message à l'ONU au nom de leur groupe qu'ils ont surnommé Les artisans de paix. Les scientistes entendent ainsi imposer un désarmement nucléaire quasi immédiat, ce qui éviterait à l'Humanité l'holocauste final. Enthousiastes, les jeunes gens finissent par souscrire à cette œuvre de paix.

Commentaires

Ultimatum ne passera pas à l'histoire. Ce trop long roman d'à peine deux cents pages raconte une histoire à peine vraisemblable. Que dire de cette énième version d'un groupe de savants voulant réaliser leur rêve utopique d'une terre pacifiée par leurs bons soins ? On se croirait transporté dans un roman du début du siècle où le personnage du bon savant - comme celui du mauvais, bien sûr - connaissait une grande popularité. S'appuyant sur une technologie de bouts de ficelles qui tenait du miracle, en butte aux tracasseries d'immondes individus, il accomplissait des prouesses fantastiques pour le plus grand bien de l'humanité. Comme ici.

Mais l'auteur doit bien savoir que l'entreprise de son équipe avait des implications logistiques et financières considérables. On est loin aujourd'hui du chercheur isolé dans son laboratoire encombré de cornues, de serpentins et d'étranges machines biscornues. Chénier peut-il prétendre n'avoir lu aucun roman ou nouvelle traitant du même sujet ? Aucun article portant sur les exigences de la recherche n'est-il tombé sous ses yeux ?

Si encore ce roman avait été écrit pour de jeunes lecteurs, et si le traitement du sujet et l'écriture avaient pu soutenir le texte grâce à leurs qualités intrinsèques… Hélas ! Claude Chénier tire à la ligne. Pour bien faire et ne rien oublier, il en met plus qu'il ne faut et le récit est inutilement allongé. L'intérêt, déjà faible, est encore dilué. Il aurait fallu sabrer dans le texte, éliminer des dialogues vides, des descriptions inutiles. De plus, on ne peut oublier les nombreux clichés qui embarrassent le texte. Une relecture sérieuse aurait permis de dépouiller le roman de ce fatras. En fait, elle aurait obligé Claude Chénier à réécrire une bonne partie de son texte, pour le plus grand bonheur de ses lecteurs.

D'autre part, Chénier véhicule une idéologie quelque peu suspecte. Son ardent désir de paix l'amène à bien des concessions alors qu'il se hâte d'évacuer des réalités déplaisantes. La perte de vies humaines pour sauver l'Humanité d'un holocauste nucléaire est, à son avis, un bien petit prix à payer. On est loin de l'amour universel et plus près d'une certaine realpolitik qui fait peu de cas de la liberté de choix de l'Humanité.

Avec deux romans à son crédit, Chénier n'a maintenant plus l'excuse de l'inexpérience. Sa production future devra s'améliorer rapidement, sinon il perdra toute crédibilité. [GG]

  • Source : L'ASFFQ 1985, Le Passeur, p. 34-36.