À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Jacques Carpentier, dans la vingtaine, veut éclaircir certains passages de son passé. Fils d’Alexander Carpentier, neurobiologiste de renom, invalide depuis douze ans à la suite d’une hémorragie cérébrale, et de Cécile Demontigny, qui n’a pu survivre à sa dépression, il décide d’aller en Suisse, où s’est retiré l’homme avec qui son père travaillait juste avant son accident, le professeur Jorge d’Aquino, créateur de la psychosynergie. Jacques se rappelle qu’une profonde divergence avait séparé les deux scientifiques la veille même du jour où son père avait eu son attaque, divergence à propos d’un hypothétique troisième ordre de cette nouvelle science de l’intelligence. Depuis ce temps, d’Aquino n’a plus rien publié et s’est isolé dans un ancien sanatorium suisse, le Berghof, ce même bâtiment qui avait inspiré à Thomas Mann son chef-d'œuvre, La Montagne magique. Accompagné de son jeune frère Didier, alors que le train les amène vers leur destination, Jacques n’arrive plus à saisir les sentiments qui l’habitent : crainte, angoisse ou plaisir ? Que va-t-il découvrir et, surtout, comment réagira-t-il devant d’Aquino, et Élisabeth Bogdan-Popesco, son assistante, qu’il a secrètement aimée alors qu’il n’était qu’un enfant ?
Dès leur arrivée, Jacques et Didier sont confrontés à l’invraisemblable. Tout d’abord les mœurs étranges de la Villa Stella Maris, ce pensionnat où Didier restera le temps du voyage, et puis les personnages qui accueillent Jacques au Berghof – surnommé le « sanatorium » – et qui, malgré leurs “anormalités”, se disent les collaborateurs de d’Aquino. Mal à l’aise dans ce qu’il considère déjà comme un asile de fous – une vieille aveugle, un jeune punk, une femme masquée lui criant qu’elle l’aime, etc. –, Jacques a peine à attendre sa rencontre avec d’Aquino, même si celle avec Élisabeth l’a replongé de plus belle dans son amour de jeunesse.
Le lendemain, les premières paroles que lui adresse d’Aquino épaississent encore plus le mystère : « Tu arrives à temps, Carpentier ! Les cartes sont sur la table, les dés sont jetés ! » Malgré la demande de Jacques, le vieil homme à la prestance toujours aussi impressionnante ne voudra pas éclaircir les circonstances précédant l’accident de son père puisque, selon lui, la vérité se trouve déjà à l’intérieur du crâne de Jacques. C’est à lui de l’y débusquer !
Les jours suivants, Jacques commencera à fréquenter la faune qui hante cet hôtel si particulier. À sa grande surprise, tous contribuent aux recherches de d’Aquino et de Bogdan-Popesco en s’éloignant, chacun à sa façon, de ce que les sociétés considèrent comme la normalité – Katja, la femme masquée, bien que douée d’une intelligence incroyable, tente bien maladroitement de se faire aimer de Jacques ; M. Léopold, doué d’une mémoire absolue, n’arrive pas à imaginer des choses nouvelles ; Mlle Brochet, elle, détraque toutes les montres sans le vouloir ; etc. – et servent ainsi de bases de travail afin de démontrer la puissance du cerveau : si le premier ordre de la pyschosynergie s’intéresse aux phénomènes du cerveau en lui-même, le deuxième ordre veut démontrer l’influence des cerveaux entre eux en dehors des relais sensoriels connus.
Mais les choses se corsent. Arrivé au même moment que Jacques, Lars Frankenthal, prix Nobel de médecine, a découvert une baisse surprenante de l’indice de fertilité dans un échantillonnage de couples de son pays, baisse qu’il considère comme incompréhensible à moins de l’associer à ce deuxième ordre de la psychosynergie. Pourtant, la réalité est pire, s’apercevront les gens du Berghof : c’est la fertilité de toute l’humanité qui est en baisse catastrophique, assez pour parler d’un “Grand Déclin” et de la fin de l’Humanité à très brève échéance. Lors d’une réunion à ce sujet dans l’appartement de d’Aquino, Jacques verra surgir une partie importante de sa mémoire grâce aux dons médiumniques de Gertrude Glück : la controverse entre d’Aquino et son père n’a porté que sur le dévoilement au monde ou non du troisième ordre de la psychosynergie, celui qui établit les relations entre l’Humanité et sa conscience collective.
Dès lors, les événements se précipitent. Lors d’une mystérieuse expédition dans la montagne avec Katja, d’Aquino se blesse sérieusement. Jacques apprend à cette occasion le secret de la femme masquée et succombe à son amour. Quelques heures plus tard, de Montréal lui proviennent des nouvelles incroyables : son père reprend contact avec la réalité. De retour chez lui, Jacques découvre ce père qu’il avait oublié : un homme intelligent, droit, imposant et qui possède ce même don de visionnaire que le professeur d’Aquino. Jacques rencontrera aussi un autre personnage intrigant, Jean-Baptiste LaRocque Prévost, qui lui donnera d’autres renseignements sur le troisième ordre de la psychosynergie et cette conscience collective, appelée Sedna selon une ancienne légende inuit. Mais il faut retourner en Suisse, et Jacques y amène son père afin que la confrontation d’Aquino- Carpentier se fasse enfin.
C’est sur son lit de mort qu’ils trouveront le vieux professeur, et la confrontation n’aura pas lieu puisque les deux anciens collaborateurs sont à nouveau sur la même longueur d’onde : il faut agir si on ne veut pas que le genre humain disparaisse. Mais l’Humanité est-elle vraiment en péril ? Ne serait-ce pas plutôt Sedna qui se prépare à démontrer qu’un quatrième ordre psychosynergique existe et que, pour ce faire, elle a besoin de l’énergie créatrice de l’Humanité tout entière, Humanité qui n’est autre que son corps à elle ? D’Aquino se meurt, mais Jacques et tous les gens du Berghof découvrent le véritable but de Sedna. Il est temps de conclure l’Ultime Alliance…
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L’ouvrage est imposant : 572 pages, une multitude de personnages et de sujets qui, malgré leur disparité évidente, tendront tous vers un point d’arrivée unique, ultime. D’où suspense assuré et nuit blanche garantie pour les impatients de mon genre. Mais entrons un peu plus avant dans la chimie de ce livre.
L’Ultime Alliance est devenu un best-seller francophone pour deux excellentes raisons : 1) l’auteur a rédigé son manuscrit en fonction d’un public cible et n’a pas dérogé de son but une seule fois ; 2) l’éditeur a mis la puissance de sa « machine à succès » au service de ce manuscrit. Le résultat ne pouvait être décevant puisque, en plus de remplir ces deux conditions essentielles à la naissance d’un best-seller, le manuscrit de Pierre Billon traitait de ces sujets si chers au grand public : les phénomènes étranges et l’avenir de l’humanité. Qui plus est, afin de ne pas faire fuir ce grand public en étiquetant le livre, l’auteur s’est empressé de dénier toute appartenance de son œuvre à ce domaine honteux qu’est la science-fiction. Un succès sur toute la ligne, vous dis-je : même les critiques dits « littéraires » ont rendu compte de L’Ultime Alliance puisque – l’auteur ne s’est-il pas évertué à le dire et à le redire sur tous les tons ? – ce n’est pas de la science-fiction, ce roman, mais bien de la fiction scientifique !
Qu’on veuille, en francophonie, masquer l’appartenance d’un livre au genre SF afin de ne pas effrayer une majorité de lecteurs qui pense encore que la science-fiction, « c’est des histoires de fusées pis d’planètes », je peux le comprendre. On est là pour vendre des livres, que diable, pas pour défendre la bonne réputation d’un genre ou sa mauvaise presse. Ceux qui pensent marketing savent que, de toute façon, les amateurs de science-fiction l’achèteront quand même, ce bouquin, puisqu’ils ne sont pas sectaires, eux ! Mais qu’on s’acharne envers et contre tous à dénier l’appartenance de son roman à un genre, allant jusqu’à refuser systématiquement tout ce qui peut le rattacher à ce genre, cela dépasse l’entendement. Un roman appartient à son auteur tant qu’il est à l’état de manuscrit. Lorsqu’il devient un livre, un bien de consommation qu’on échange contre une somme d’argent, ce roman devient la propriété du public, de celui qui l’achète et de ceux qui sont chargés d’en rendre compte. Les propos de l’auteur sont d’autant plus surprenants, lorsqu’il s’acharne à montrer que son livre n’est pas de la SF, que lui-même connaît parfaitement bien le genre pour y avoir travaillé comme traducteur pendant de nombreuses années. Si j’en juge par le nombre de fois où son nom apparaît au sommaire des revues de science-fiction françaises de l’époque, monsieur Billon était un fervent amateur de ce genre. Et d’après Norbert Sphener, qui connaît la bête, cette dernière n’était pas du tout contre le genre à une certaine époque. Pourquoi donc a-t-il changé son fusil d’épaule entre-temps, sinon pour s’assurer de meilleures ventes ? Connaissant la bonne presse qu’a la science-fiction dans les milieux anglo-saxons, je serai curieux de la réaction de l’auteur lorsqu’il s’apercevra que L’Ultime Alliance, en anglais, s’assurerait d’au moins 30 % de ventes supplémentaires s’il était directement associé au domaine SF !
Mais délaissons ces sujets par trop déprimants et analysons un peu plus en détail le dernier roman de Billon en abordant le style. La plume de l’auteur est, en effet, pour beaucoup dans le succès de ses romans. À la fois précise et effacée, l’écriture de Billon ne s’octroie jamais le devant du pavé, préférant servir l’histoire plutôt que de la transporter. Les phrases sont bien construites, le mot toujours juste, et l’ensemble est structuré de façon rigoureuse afin d’éclairer un sujet qui, souvent, nécessite la concentration du lecteur. Nous ne sommes pas, en effet, dans une histoire à l’eau de rose. Le propos est sérieux, très sérieux même, et les touches d’humour sont trop rares pour dérider le lecteur ou la lectrice. Solide dans les descriptions et les dialogues, un peu moins efficace dans les moments d’action, l’auteur a cependant tendance à adopter un ton solennel, un peu pompeux lorsque la tension est à son extrême. Le résultat ne souffre pas de cette situation, heureusement, bien qu’à la fin, lors des révélations ultimes… Mais le lecteur est déjà trop engagé émotivement dans l’intrigue à ce moment et il passe au-dessus de ces détails. Déjà, il a pris sa vitesse de croisière dans le défilement des pages et file la lecture, filent les événements : il doit savoir ! Et là est la force de Pierre Billon : la construction de ses intrigues. Qu’on se rappelle L’Enfant du cinquième Nord où une écriture nettement moins solide que celle démontrée ici était oubliée au profit de l’histoire, du déroulement de l’action et de l’approche du dévoilement final.
Parlons maintenant de l’histoire proprement dite. Tout d’abord, il y a le Berghof, ce grand « sanatorium » peuplé d’êtres étranges. Billon ne manque pas de faire remarquer – dès les premières pages – à son lecteur que l’imposant édifice est le même que celui décrit dans La Montagne sacrée de Mann. Voici un détail anodin, direz-vous. Que non ! Pour le lecteur qui ne connaît pas Mann, peu lui chaut, mais pour l’autre, plus cultivé – ou plus au courant d’une ancienne culture ? L’art d’amener une atmosphère ne relève pas seulement de l’écriture, mais aussi de la référence. Et ici, Billon ne rate pas son coup. Car l’ensemble des lecteurs sait, dès cette référence, que ce lieu n’est pas banal, qu’il a déjà été témoin d’événements étranges… et que d’autres s’y préparent !
Un prologue pour aguicher le lecteur sur ce passé que le personnage principal, Jacques Carpentier, tentera de retrouver tout au long de l’ouvrage, et nous voici dans l’action : le décor à découvrir, les personnages excentriques du “sanatorium” qui apparaissent un à un dans toute leur étrangeté, une deuxième intrigue – les recherches du Nobel Frankenthal et la découverte du Grand Déclin – se superpose à la quête de Carpentier et aux travaux du docteur d’Aquino sur la psychosynergie. Le lecteur, il va sans dire, est constamment saturé, tout comme Carpentier au début. Puis – c’est Jacques Carpentier qui parle, p. 148 – « C’est étrange, au début le Berghof me semblait être une maison de fous, et maintenant j’ai plutôt l’impression de me trouver dans un cirque, avec des phénomènes de foire. Il ne manque plus que la femme à barbe ! ». Notez la progression des perceptions : on passe du « chaos » à un « ordre » certain, quoique différent de la norme. Et comment pourrait-il en être autrement quand les personnages sont eux-mêmes si différents de la norme ? Qu’on en juge par ces autres personnages qui complètent ceux déjà présentés dans le résumé : Ursula Schwester, une infirmière naine ; Théodore Shapiro, un mythomaniaque ; Sigmund, un jeune punk ; Dolores Sistiega, une aveugle sensitive ; William Fowler, ancien ministre aux prises avec son double ; Serguei Tchakalov, un cosmonaute russe en proie à des terreurs infinies depuis son retour de l’espace ; Tadeus Bubenblick, le concierge-gérant de l’édifice à l’accent impossible, Bertha Moll, l’immense secrétaire aux problèmes comportementaux importants ; Klaus Weldenheim, atteint de prosopagnosie – il ne peut reconnaître les visages – ; Elisabeth Bogdon-Popesco, la collaboratrice du docteur d’Aquino, maîtresse du père de Carpentier et amour de jeunesse de ce dernier ; Teresa Vincent, une stigmatisée…
Ouf ! Et c’est sans parler de Chouri, un gorille intelligent, du professeur de ce dernier, Mettobayashi, Asiatique qui attire les oiseaux, les biches, etc. Et il y a bien sûr d’Aquino, la figure classique du savant torturé, grand, énorme, les cheveux blancs épais et le verbe haut et solennel !
Vous comprenez pourquoi le pauvre Carpentier a d’abord pensé à une maison de fous, puis à un cirque ? Le lecteur – et c’est une autre force de Billon dans ce livre –, lui aussi, passera, comme Carpentier, d’un niveau à l’autre, soit de la maison de fous… au cirque… pour aboutir à cette étonnante conclusion : le Berghof est le seul endroit sur toute la Terre où l’avenir de l’Humanité peut être sauvé ! Beau cheminement, ma foi.
Tranquillement, page après page, Billon suit la cadence bien précise qui permettra de placer l’histoire dans une position idéale pour le dernier droit. En page 211, voici ce que nous lisons : « Ce que le thérapeute d’orientation psychosynergique vise, c’est d’aider la personne à quitter un état de mal-être pour un état de mieux-être ; ce qu’il ne vise pas, c’est de la faire passer de la marginalité à la normalité. Car la réduction du singulier à la conformité du pluriel entraîne l’aliénation de la personne et, ultimo, l’annihilation de la société. La santé collective ne s’évalue donc pas par le décompte des gens normaux, mais par l’addition des gens heureux – la double mesure du bonheur de l’être humain étant l’adéquation personnelle entre les moyens et les ambitions, et l’adéquation sociale entre les potentialités et les chances. » C’est Jacques Carpentier qui lit ceci dans le Traité de d’Aquino. C’est plus ou moins à ce moment que la notion d’asile vacille dans la tête de Jacques pour céder la place à celle du cirque. Plus loin, la notion de cirque cédera à son tour la place à celle d’un laboratoire d’avant-garde, d’une clique d’illuminés, de révolutionnaires ou de réactionnaires dangereux, tout cela dans le désordre ordonné de cette histoire complexe.
Il est aussi intéressant de retracer, dans l’écriture de Billon, cette volonté d’user abondamment du symbolisme afin de créer l’atmosphère juste, l’ambiance presque figée qui règne au Berghof, comme si tout ce coin de pays était tout à coup hors du temps, flottant dans un no man’s land de la réalité. Jouant souvent avec les souvenirs qu’il a du livre de Thomas Mann, Jacques Carpentier remarque certains détails intéressants. Comme la salle qui servait de morgue au temps de La Montagne sacrée recèle maintenant un modèle perfectionné de caisson d’isolation sensorielle. Intéressant, non ?
Parlons enfin de science. Car il est beaucoup question de science dans ce roman – n’est-elle pas à la base de toute l’histoire ? Et l’auteur ne dit-il pas que son roman en est un de « fiction scientifique » ? Eh bien, c’est vrai : on évoque beaucoup de théories scientifiques dans L’Ultime Alliance, que ce soit en physique, en médecine, en écologie ou dans ces domaines encore appelés de nos jours parascientifiques. Monsieur Billon, à n’en pas douter, sait de quoi il parle et a fait les recherches nécessaires. Bien sûr, il n’est pas à la fine pointe des théories – le temps de concevoir une brique comme celle-là, de l’écrire, de la fignoler et de la publier… –, mais il s’en approche autant que faire se peut la plupart du temps. En ce sens, donc, et pour la plus grande partie du roman, dirais-je, Billon a raison quand il dit qu’il écrit de la fiction scientifique. Par contre, lorsque d’Aquino propose le troisième ordre de la psychosynergie, et qu’il l’expérimente, nous abordons carrément le domaine de la science-fiction. À ma connaissance, personne encore n’est entré en contact avec Gaïa ! Les scientifiques n’en sont même pas encore à étudier le deuxième ordre de la psychosynergie, c’est-à-dire le contact direct entre cerveaux, alors…
Voici donc l’unique raison pour laquelle les spécialistes de la SF classent le roman de Billon dans ce genre, alors que l’auteur se scandalise de la chose : la fin de l’histoire, dans l’état actuel de nos connaissances, n’est pas possible. Elle extrapole le futur proche de notre époque en y développant une science nouvelle, la psychosynergie – l’influence que les intelligences exercent les unes sur les autres en dehors des relais sensoriels –, qui prédit et expérimente non seulement le contact direct entre les cerveaux, mais entre l’Homme et Gaïa, l’âme de la Terre, tout en extrapolant – sans le démontrer, toutefois – un quatrième ordre : Gaïa communiquant avec d’autres entités comme elle ! À vrai dire, L’Ultime Alliance n’est-il pas un livre tout à fait représentatif de ce qu’est la « vraie » science-fiction ? La pure et dure, comme diraient Asimov et Clarke ? Et cette sphère d’action à la limite des concepts scientifiques actuels, cette volonté de sombrer corps et âme dans le cosmique à la fin ne rappelle-t-il pas aux amateurs certains romans de Ian Watson où ce dernier prenait un malin plaisir à mélanger science et spiritualité ?
Pour notre malheur à tous, la fin dérape quelque peu et n’est pas à la hauteur du livre. C’est que Billon a amené son lecteur à un niveau tel qu’il n’arrive pas à le hausser encore lorsqu’il introduit Sedna, la conscience collective de la Terre. Un peu comme Stephen King dans Ça, la « créature », qui devrait être sans commune mesure comparée aux personnages, ne peut qu’apparaître diminuée lorsqu’elle est mise en lumière. C’est évidemment un problème inhérent à toute tentative de décrire ou de faire vivre une intelligence supérieure : il faudrait que l’auteur soit lui-même au niveau de cette intelligence supérieure pour pouvoir nous en donner une véritable description. Le lecteur arrive quand même à la dernière page avec entrain, car, malgré tout, tous les fils de la gigantesque tapisserie narrative se rattacheront alors, complétant la boucle sans accroc, ou presque.
Suite à ce long bavardage, résumons-nous donc : L’Ultime Alliance est un livre de science-fiction pure et dure, au demeurant excellent, où tant la forme que le fond s’harmonisent parfaitement pour charmer le lecteur avide d’expériences nouvelles en littérature – je parle bien sûr de ces gens qui détestent la science-fiction !
Et je termine sur une remarquable phrase, dite par Katja à Jacques Carpentier, en page 331 : « … vraie force de l’intelligence n’est pas de comprendre les choses compliquées, mais de les dépouiller de ce qui les empêche d’être simples ».
On croirait entendre Confucius, mesdames et messieurs ! [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1990, Le Passeur, p. 24-30.
Références
- –––––, Le Journal de Québec 7-07-1990, p. 15S.
- Breton, Gaétan, Moebius 46, p. 135-138.
- Grégoire, Claude, Québec français 81, p. 17.
- Jacques, Paul, Le Clap, Automne 1990, p. 22.
- Martel, Réginald, La Presse 16-06-1990, p. K1.
- Ménard, Fabien, Solaris 94, p. 15.
- Thibeault-Bérubé, Anne, Dictionnaire des oeuvres littéraires du Québec VIII, p. 903-904.
- Trudel, Jean-Louis, Samizdat 19, p. 22-23.