À propos de cette édition

Éditeur
Maclean Hunter
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Le Magazine Maclean, vol. II, n˚ 5
Pagination
21 ; 36 ; 38 ; 40 ; 42
Lieu
Montréal
Année de parution
1962

Résumé/Sommaire

Mr. Harris est du genre prévoyant. Redoutant une attaque nucléaire en raison de la tension qui monte entre les grandes puissances, il se fait construire un abri anti-atomique. Le jour où se produit l’irréparable, Mr. Harris est en sécurité avec sa famille. Après avoir réussi à se frayer un chemin vers la surface, il constate que c’est la désolation totale à l’extérieur. Aucun signe de vie. Complètement atterré, Mr. Harris regagne son abri et se suicide après avoir tué sa femme et ses trois enfants.

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Commentaires

Écrite en 1962, cette nouvelle, d’un désespoir total, est incontestablement inspirée par la crise des missiles de Cuba et n’est pas sans parenté avec le recueil d’Yves Thériault, Si la bombe m’était contée, paru cette même année, qui spéculait sur l’avenir de l’humanité à la suite d’une guerre nucléaire.

La nouvelle nous touche parce que Jean Simard maîtrise l’art de camper son protagoniste et que son récit atteint une portée universelle. En quelques paragraphes, les valeurs et principes qui dictent la conduite et l’attitude de Mr. Harris nous sont clairement exposés. Jean Simard appartient à cette famille d’écrivains à la plume racée et élégante, celle des Jean Tétreau, Claude Mathieu, Jean Hamelin, qu’on prend plaisir à relire parce qu’ils ont du vocabulaire, du style et une profonde connaissance de l’âme humaine, ce qui n’est pas toujours le cas des romanciers d’aujourd’hui.

« Un abri » est un texte d’une lucidité implacable. Quoi qu’il fasse, l’homme est broyé par une fatalité qui le dépasse. Mr. Harris a beau avoir été prévoyant, il ne peut rien, seul, contre la bêtise des hommes. S’il a survécu à l’attaque nucléaire, il ne peut échapper au désespoir. Jean Simard ne le dit pas, mais on peut très bien sentir qu’il n’a aucune complaisance envers son personnage principal parce que celui-ci a fait preuve d’égoïsme, qu’il n’a pensé qu’à sa survie au moment de construire son abri plutôt que de militer, par exemple, en faveur de la paix ou de s’engager dans des mouvements pacifistes. C’est ce qui s’appelle faire subtilement œuvre de moraliste.

Ma seule réserve concerne l’image de soumission inconditionnelle véhiculée par l’épouse de Mr. Harris qui, par le fait même, date quelque peu le texte. Mais qu’il soit ou non inspiré par l’actualité internationale de l’époque de sa parution, « Un abri » est un texte encore très pertinent de nos jours. [CJ]

  • Source : La Décennie charnière (1960-1969), Alire, p. 171-172.