À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme se fait juger pour les crimes de cynisme, de misanthropie, de comportement compulsif et de distractions. Il s’occupe lui-même de son plaidoyer pour défendre sa vie dans ce procès où, peu à peu, se révèlent les travers de cette société totalitaire. L’accusé finit par avouer qu’il est lui-même responsable de ses actes. Comme châtiment, l’homme sera déporté au Canada, ce mystérieux pays qu’il rêve de visiter de toute façon.
Commentaires
J’ai trouvé judicieuse l’utilisation du ton humoristique du narrateur, tant dans la légèreté avec laquelle il raconte le procès, auquel il n’attribue pas de gravité, que dans les surnoms dont il affuble le juge, créant une progression dans les insultes : Grand Machin, Grand Côlon, Grand Questeur, Grand Concombre… Le lecteur n’a pas d’autres choix que de se sentir interpellé par ce personnage accusé pour des comportements que nous, en tant qu’êtres humains et citoyens, faisons aussi à tous les jours. On s’y reconnaît rapidement et on partage les mêmes pensées face à un jugement qui nous semble aussi stupide.
Au fil du texte, l’auteur égrène des petits détails qui laissent deviner au lecteur que les événements se déroulent dans un futur peut-être pas si lointain. Par exemple, cette utilisation d’un casque cérébro-pictural. L’écriture est maîtrisée et suscite une lecture agréable, sans accroc, jusqu’à cette finale où, enfin, le personnage sera libéré de cette société étouffante. Celle-ci croit le punir en l’exilant au Canada… mais pour lui, ce lieu représente des vacances de ce régime totalitaire, du nouveau dans son existence. En tant que lecteur, on ne peut que ressentir de la joie nous aussi. [JR]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 113.