À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un ami du narrateur demande à son voisin d’être le parrain de son dernier-né, son septième enfant. Jean C. refuse dans un premier temps, puis sous l’insistance du père, acquiesce à sa demande non sans lui prédire que son fils ne vivra pas au-delà de deux ans car il porte malheur à ses filleuls. Le bambin meurt en effet à l’âge de treize mois.
Commentaires
D’entrée, l’auteur donne un bref aperçu de la vie dans la petite communauté franco-américaine de Manchester, en Nouvelle-Angleterre, où transpire la nostalgie du Canada et l’espoir d’y retourner vivre un jour. Mais la nouvelle est rapidement mue par la sollicitude et la curiosité du narrateur envers son ami d’enfance auquel il rend visite.
Non content de connaître la raison du chagrin qui voile le regard de son ami, le narrateur désire savoir sur quoi s’était basé le parrain pour prédire le funeste présage. Une excursion d’un jour le mène dans une petite ville voisine où il rencontre, de façon un peu providentielle, le « parrain de malheur ».
La conclusion est assez étonnante : Jean C. porte malheur à ses filleuls, les cinq étant morts avant l’âge de deux ans, parce que son parrain s’est pendu autrefois alors qu’il avait moins de deux ans. Certes, à l’époque, le suicide était considéré par l’Église catholique comme une faute grave et le suicidé ne pouvait être inhumé dans le cimetière. Que la malédiction soit transmise au filleul alors qu’il n’est en rien responsable de la mort de son parrain constitue une sentence difficile à justifier. Cependant, la répétition des décès dépasse le simple hasard et introduit une notion de sentence expiatoire proprement fantastique.
Tout est affaire ici de croyance et repose sur la crédibilité qu’on accorde au narrateur ou conteur. Dans « Le Père Thomas », autre récit du recueil Rencontres et Entretiens, l’événement apparemment fantastique – l’apparition de l’âme damnée d’un ministre protestant – n’est pas étayé par des preuves solides. On n’y croit tout simplement pas. En effet, rien ne permet de penser que le ministre protestant avait mené une vie le destinant à l’enfer. De plus, le témoin était dans un état d’ébriété avancée au moment des faits. [CJ]