À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Bernard Wood est un immortel qui s’est réfugié à New York afin d’éviter d’éveiller les soupçons sur sa condition. En compagnie de quelques-uns de ses semblables dont son ami Scott, le narrateur, il mène une existence morne et désœuvrée. Quand le docteur Bishop lui apprend qu’il n’en a plus que pour quelques semaines à vivre, Bernard prépare sa mort en se conformant à la tradition du clan de Knud auquel il appartient. Mais incapable de se résigner à mourir seul, il prépare un geste d’éclat.
Commentaires
Quelle belle nouvelle grave, nostalgique et empreinte d’un désarroi émouvant ! Une histoire d’immortels, mais ça n’a rien à voir avec Highlander même si la majeure partie du récit a pour cadre New York.
Michel Martin livre une magistrale réflexion sur ce qui fait le prix de la vie. Même si ces immortels ont presque l’éternité devant eux, vivent-ils vraiment ? Ils ne profitent pas de ce don pour faire leur marque dans l’histoire. Ils sont des témoins, mais non des acteurs. Ils n’ont que des souvenirs à partager. Pourtant, quelle importance cela peut-il avoir que l’un d’eux ait assisté à la première du Requiem de Mozart le 5 décembre 1791 ?
Il résulte de leur vie en marge de la société un sentiment de vide et d’échec que rend bien le ton désabusé du récit. Les immortels envient les humains qui savent affronter la mort parce qu’ils la côtoient chaque jour alors qu’eux ne savent pas comment mourir quand elle se présente à eux. « Les immortels sont pareils aux jeunes enfants : ils ne savent pas parler de la mort. » Cette détresse est touchante.
Si le drame existentiel des personnages est posé en termes clairs, bien circonscrit et étalé dans toute sa complexité, l’environnement extérieur reste flou. La ville de New York y apparaît étouffée par la pollution et les quelques lieux fréquentés par les personnages conservent une part de mystère. Ainsi, on se demande quelle est la signification de cette Chemical Bank où Bernard met fin à sa vie de façon spectaculaire, en écrivant une page d’histoire peut-être, mais pas de la manière la plus humanitaire qui soit.
Encore une fois, Michel Martin nous offre une nouvelle remarquable qui arrive à nous surprendre par son originalité et sa sensibilité. « Un temps pour mourir » est une magnifique méditation sur le sens de la vie, sur le temps et sur la mort. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1992, Alire, p. 131-132.