À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Quelques minutes avant de se suicider, alors que les flics se pressent à sa porte, le narrateur retrace les circonstances qui l’ont conduit à assassiner sa conjointe.
Commentaires
À n’en pas douter, la violence faite aux femmes et aux jeunes compte parmi les thèmes récurrents des nouvelles de Sarah La Givrée. Dans « Un tour pendable », Dutrizac met en scène un « pauvre type », étudiant universitaire en Communications obligé de se marier pour augmenter ses bourses d’études et écrivain raté. Salaud et phallocrate de son propre aveu, batteur de femme impénitent et (plus monstrueux encore !) admirateur du cinéma de Gilles Carle, le jeune homme se trouve coincé dans un système qui l’« oblige » à la violence virile comme moyen de revalorisation.
Plutôt que de s’apitoyer sur le sort de ce personnage (qui au fond ne le mériterait guère), l’auteur nous livre froidement la description de ses réflexes brutaux sans chercher à les analyser. Arrive alors, comme un cheveu sur la soupe, un revirement fantastique qui, malgré son caractère imprévisible, banalise les prémices du récit puisqu’il ne les prolonge pas et débouche lui-même sur une impasse anticlimax.
À la fin, ne nous reste de cette nouvelle à l’écriture par moments maladroite que le souvenir des quelques touches d’humour qui nous auront arraché un sourire parfois jaune, notamment ce portrait de Gilles Carle (« laid comme une pieuvre asthmatique avec une moustache dessinée au crayon ») ou cette description d’un sommeil agité (« un malaise fiévreux, comme si je m’étais soûlé la gueule avec de la bière américaine »). [SP]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 77-78.