À propos de cette édition

Éditeur
Les Herbes rouges
Genre
Fantastique
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Saint Cooperblack
Pagination
103-115
Lieu
Montréal
Année de parution
1986
Support
Fac-similé

Résumé/Sommaire

Un homme arrive dans une ville nommée Topos. Il s’installe dans un hôtel et part à la découverte de la ville, habitée par des ombres silencieuses. Le quatrième jour, il est reçu par le Maître de la Maison qui favorisera la réalisation de son projet : construire en sept jours le couvent des mendiants, près de la cathédrale. L’œuvre achevée, l’architecte veut quitter la ville mais une force invisible le retient.

Commentaires

« Un voyageur architecte » est une belle nouvelle grave sur le lieu, sur l’espace, et par incidence, sur l’appartenance et l’enracinement. La ville ne s’appelle-t-elle pas d’ailleurs Topos, qui signifie lieu en grec ? Roger Magini développe avec beaucoup de soin chez son personnage le rapport à l’espace.

Topos, ville close sur elle-même mais ouverte aux yeux de ceux qui savent la réinventer, l’imaginer, la rêver. Quiétude de ces murs silencieux, attentifs à la rumeur ténue de la vie. Topos, lieu éternel.

On dirait une ville frappée par une bombe à neutrons. Les édifices sont intacts mais les habitants sont absents. Il ne reste que des ombres dont plusieurs portent des ficelles aux poignets, aux chevilles ou au cou.

Le voyageur architecte prend la mesure de la pérennité de la pierre par rapport au caractère éphémère de la vie. Aussi, cherche-t-il à inscrire la trace de son existence dans l’environnement en bâtissant un refuge pour les mendiants, entreprise dérisoire puisque la ville est inhabitée.

Tout, dans la nouvelle de Magini, passe par le regard, la parole étant inutile. L’auteur quadrille le paysage, le lotit, l’assimile, le fait sien. Cette attention aux choses rappelle le regard particulier des auteurs du nouveau roman français. Le fantastique est ici discret, présent par l’entremise des ombres, âmes tutélaires de la ville, et sous la forme du lien physique qui attache le voyageur à la cité. [CJ]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 94-95.