À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
L’auteur relate le récit que lui a fait un vieil ami ayant séjourné en Pennsylvanie. À la recherche d’un emploi dans une fonderie locale, il avait pris pension chez un descendant de Canadiens. La première nuit, il est réveillé en sursaut par des phénomènes surnaturels : rideaux et couvertures enlevés par un vent violent alors que la fenêtre est fermée, sensation de quelque chose qui lui passe sur le corps. Une prière « pour les âmes qui ont le plus besoin de secours » suffit cette nuit-là à interrompre le manège. Le lendemain, le nouveau venu annonce à son logeur qu’il ne couchera plus là-haut. Il se laisse pourtant convaincre de remonter, mais cette fois les deux hommes sont agressés par une force invisible. Le vieux propriétaire avouera alors que c’est son fils prodigue, mort au terme d’une « orgie », qui se venge ainsi d’un père qui lui avait coupé les vivres.
Commentaires
Ce récit, d’abord paru en septembre 1883 dans L’Événement, a été repris en 1901 sous le titre « La Chambre du revenant ». La seule différence notable entre les deux versions est que l’auteur situe vingt ans plus tôt (au lieu de dix) la rencontre avec l’ami qui aurait vécu les incidents relatés.
Pour l’historien un peu las des histoires de curé et de conteur de campagne, ce texte offre un certain intérêt sociologique. Certes, la prière est encore ici l’arme employée (avec une efficacité provisoire) contre les manifestations hostiles du surnaturel. Mais le contexte est plus laïque, plus urbain. La mise en abyme fait se rencontrer le conteur et l’auteur lors d’un voyage à l’étranger plutôt que dans une « veillée » rurale ; plus précisément en Italie (et l’on fait une allusion directe aux campagnes des zouaves pontificaux auxquelles a participé le conteur). L’histoire elle-même se passe en ville, et qui plus est dans une ville industrielle de l’est des États-Unis où le conteur se cherche un emploi. Autre réalité historique à laquelle on fait allusion : le vieux logeur est un Goodchild, un Bonenfant qui a anglicisé son nom comme tant d’autres émigrés canadiens dans la seconde moitié du XIXe siècle et le premier quart du XXe.
Malgré le commentaire final de l’auteur sur le récit de son conteur, « grand voyageur, grand menteur », l’économie du récit et la sobriété des événements surnaturels ajoutent une touche de réalisme. Certes le revenant était un jeune homme dissolu, mais il n’y a ici ni diable venu de l’enfer, ni apparition de la Vierge.
Dieu merci. [DS]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 173-174.