À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Le narrateur s’arrête dans un village où le chasseur Antoine et l’ours qu’il vient d’abattre sont entourés d’une foule admirative. Lorsqu’un vieillard déclare que les ours étaient des gens autrefois, le narrateur ne peut s’empêcher de s’esclaffer. Le vieil homme lui raconte alors la légende de deux femmes de Terre Sainte qui, voulant mettre Jésus à l’épreuve, cachèrent leurs nourrissons dans un four et lui demandèrent ce qui s’y trouvait. Lorsque le Christ répondit qu’il contenait deux oursons, les femmes rirent de lui bien fort jusqu’au moment où, ouvrant la porte du four, elles trouvèrent effectivement deux oursons à la place de leurs bébés.
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Commentaires
Contrairement à ceux de l’abbé Arthur Guindon ou d’Octave Crémazie, ce poème est plutôt bref. La mise en place du cadre dans lequel la légende est racontée prend même davantage de place que la légende elle-même.
Ce qui frappe particulièrement dans cette légende, c’est le surprenant sadisme que l’on accole à Jésus. Notre manière de parler de lui et de le décrire a certainement dû être adoucie depuis un siècle. Cette vision fin dix-neuvième du Christ fait frémir. Ces deux femmes ne voulaient après tout que mettre Jésus à l’épreuve, ce qui est, du moins aujourd’hui, perçu comme tout à fait normal. Mais il est de mauvais ton de mettre en doute la nature divine du Christ, même pour ses contemporains (qui pourtant n’avaient pas, eux, 2000 ans d’Histoire Sainte sur le dos). Afin de bien asseoir sa suprématie, Jésus transforme les bébés en animaux. Et il n’y a pas de rédemption possible (comme on aurait pu l’apprendre en catéchèse). Pas d’eau à verser sur la tête des petites bêtes, pas de prière à faire. Les oursons s’enfuient dans les bois sous le regard des mères éplorées. Et le châtiment dure encore puisque le poème laisse entendre que ces deux oursons sont en quelque sorte les Adam et Ève de la race des ours.
J’ai déjà entendu une légende amérindienne (j’utilise cette expression un peu pauvre afin d’englober les cultures d’une immense quantité de Nations que, à ma grande honte, je ne sais pas encore distinguer les unes des autres) selon laquelle il existait autrefois un certain peuple ours qui pouvait prendre une forme humaine. Cette croyance a peut-être influencé Chapman. En conséquence, je crois qu’il serait du plus grand intérêt d’établir une comparaison entre les thèmes fantastiques de notre littérature et les motifs des mythologies autochtones. [TV]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 51-52.