À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Il arrive souvent des choses bizarres à Rafaële. Non seulement elle jouit d’un don d’empathie qui confine à la télépathie, mais elle a un ami qui vient du futur, Alan. Celui-ci lui a révélé qu’un écolier dont elle aimerait bien faire son petit ami, Maxime Cinq-Mars, deviendra un grand savant. De plus, le chum de sa mère Hélène est un homme au passé mystérieux qui cache ses pensées d’autant plus facilement qu’il est lui aussi télépathe, et plus doué que Rafaële (Raf). Mathieu, comme il s’appelle, a aussi des pouvoirs télékinétiques.
Puisque Raf a plusieurs raisons de s’intéresser au beau Maxime, elle s’inquiète lorsqu’elle le soupçonne d’avoir de mauvaises fréquentations. Elle le file en compagnie de son ami Martin et le retrouve au sein du comité de pastorale. Histoire de ne pas démériter aux yeux de Maxime, Raf se porte volontaire pour une fête de Noël organisée au centre d’accueil local. Ce qui l’obligera à enfiler un costume de lutin fort peu seyant.
Le matin de la petite fête, Raf trouve dans son casier un mot l’avertissant de ne pas y aller. Elle voudrait bien, mais le billet ne suffit pas à la convaincre de passer pour une lâcheuse. La fête de Noël se complique lorsque Raf finit par reconnaître celui qui incarne le père Noël, un paraplégique qui n’est autre qu’un malfrat croisé antérieurement. Celui-ci ne rêve que de se venger, car sa paralysie date de ses démêlés avec Raf et Mathieu.
Raf évite un affrontement, mais un concours de circonstances entraîne le meurtre de son amie Sonia par le bandit, à qui elle échappe de justesse avec l’aide de Mathieu. Lorsqu’ils rentrent à la maison, Mathieu prépare son départ, car il tient à éviter les policiers qui voudront l’interroger. Sur ce, Alan se présente et révèle qu’il a tenté de décourager Raf de se rendre à cette fête parce qu’il a découvert qu’elle était censée être la victime de l’assassin. Sa tentative de changer le cours des événements a été détectée et ses supérieurs veulent maintenant emmener Raf dans l’avenir pour ne pas altérer le passé.
Les révélations se précipitent ensuite, car Mathieu aussi vient du futur, mais d’un futur où Raf a survécu. Du coup, il accepte de retourner dans son époque d’origine, à condition que les voyageurs venus de l’avenir renoncent à emmener Raf. La mère de Raf perd son ami de cœur et Raf perd un peu le goût de vivre.
Commentaires
La première partie de ce roman pour jeunes de Francine Pelletier est nettement meilleure que la seconde. Le début du roman attise la curiosité avant de révéler pourquoi Raf porte un costume de lutin qu’elle trouve ridicule. L’avertissement reçu ensuite par Raf entretient un suspense sur place au centre d’accueil qui culmine avec la rencontre de l’ancien bandit, puis la découverte du meurtre d’une écolière tuée à la place de l’héroïne.
Le lecteur se demandera sans doute pourquoi Raf, lorsqu’elle découvre la véritable identité du père Noël, n’avertit pas un des responsables du centre d’accueil. Même si elle veut protéger les secrets de Mathieu, cela ne l’engageait guère, mais le désir de Raf de se débrouiller seule en toutes circonstances confine parfois à l’arrogance et se traduit par des accès de colère plus ou moins justifiés.
La seconde partie du livre, après la révélation du meurtre, balance à la tête du lecteur un voyageur temporel attendu depuis le début, une sorte de police du temps, l’identité véritable de Mathieu et une séparation déchirante du couple que ce dernier forme avec la mère de Raf, le tout en cinquante pages à peine. L’hypothèse la plus généreuse, c’est que l’écrivaine n’ait pas réussi à tout faire entrer de manière un tant soit peu crédible dans le cadre étriqué des romans de la collection Jeunesse-pop après avoir développé le suspense initial.
Le résultat est une série de scènes précipitées, entrecoupées d’explications assénées à la va-vite, qui ne donnent pas le temps aux personnages de se positionner ou d’agir. Ils n’ont que le temps de réagir et le lecteur assiste en simple spectateur aux ultimes péripéties du roman. Surtout que le personnage de Raf, choqué par le meurtre de son amie, n’est pas en état d’être plus qu’un témoin passif des événements.
Si la construction de l’intrigue est le point le plus faible du roman, le point fort est sans conteste le traitement des jeunes personnages principaux. Pelletier rend à merveille les menues jalousies et intenses rivalités des jeunes à l’école, la vivacité des uns et la gentillesse des autres. La description d’une soirée qui est d’abord tout ce qu’il y a de plus ordinaire souligne d’autant plus l’horreur d’un meurtre gratuit et tragique.
Du point de vue de la science-fiction, le roman innove peu. La présence de deux individus dotés de pouvoirs paranormaux dans la même cellule familiale s’explique en fin de compte par une filiation. Le traitement du voyage temporel laisse à désirer, par contre. Le paradoxe temporel au cœur de l’histoire n’est pas résolu de manière satisfaisante. Si Mathieu vient d’un futur où Raf a survécu tandis qu’Alan vient d’un futur où elle est morte, comment Mathieu peut-il être si sûr que les habitants du futur d’Alan le connaissent et le recherchent ?
Bref, Pelletier signe un roman qui est à moitié réussi et qui, de surcroît, se termine mal. Sauf erreur, elle n’en a pas signé d’autres dans cette série. [JLT]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 144-146.
Références
- Desroches, Gisèle, Le Devoir, 04/05-03-1995, p. D 4.
- Martin, Christian, Temps Tôt 36, p. 57.
- Sarfati, Sonia, La Presse, 02-04-1995, p. B6.