À propos de cette édition

Éditeur
Pierre Tisseyre
Titre et numéro de la collection
Conquêtes - 57
Genre
Fantastique
Longueur
Roman
Format
Livre
Pagination
267
Lieu
Saint-Laurent
Année de parution
1996
ISBN
9782890516151
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Élise, une mère monoparentale, possède des dons de voyance. En dépit de ses facultés surnaturelles, elle mène une vie tout à fait ordinaire avec son fils, Jack, et son nouveau copain, Louis, un dentiste vouant une admiration sans bornes pour un certain docteur Norman de Mornay. Ce dernier est un éminent spécialiste de la gestion internationale, des relations industrielles et de la parapsychologie appliquée aux affaires. Louis présente Élise au docteur, qui détecte bien vite les capacités de la jeune femme, et la convainc de mener quelques expériences pour développer davantage ses talents. Bien vite, cependant, Élise commence à entendre une voix mystérieuse, qu’elle s’efforce d’ignorer.

Pendant ce temps, Daniel, le père de Jack, un détective privé menant une existence financièrement précaire, reçoit un contrat lucratif d’une vieille connaissance. On lui demande d’enquêter sur la disparition d’un riche homme d’affaires suisse, qui aurait été vu pour la dernière fois au Québec. Ses recherches le mettent sur la piste du Groupe VIP, une organisation qui fait, entre autres, la promotion de l’ésotérisme, et dont les principaux investisseurs sont tous très bien nantis.

Au final, Daniel découvre que de Mornay est derrière le Groupe VIP et la disparition de l’homme d’affaires suisse, et Élise s’aperçoit que la voix qu’elle entend provient d’un micro caché dans une de ses dents. Elle accuse Louis de lui avoir posé l’appareil, mais celui-ci s’avère en fait être un policier qui cherchait à infiltrer clandestinement le Groupe VIP.

Commentaires

Une voix troublante est une étrange bête. Le récit fait de timides incursions dans le fantastique, d’abord en insistant sur les dons de voyance d’Élise, puis en structurant une bonne partie du roman autour de la voix mystérieuse qu’elle entend… Sans que ça n’aboutisse nulle part : les dons d’Élise n’ont strictement aucune incidence sur le développement de l’intrigue (si ce n’est que c’est grâce à eux que de Mornay s’intéresse à Élise) et ne sont donc ni expliqués, ni exploités. Quant à la voix qu’Élise entend (qu’on devine très importante puisque le titre du roman y fait directement allusion), il ne s’agit, finalement, que d’un leurre plutôt maladroit, une manœuvre visant à éroder la volonté de la femme pour que de Mornay puisse la dominer complètement. Les motivations du docteur ne sont pas très claires, et ses plans sont tout à fait loufoques : la parapsychologie appliquée au monde des affaires, vraiment ? C’est original, je dois le reconnaître, mais c’est beaucoup trop alambiqué pour être le moindrement crédible. Le roman tente désespérément de présenter de Mornay comme un scientifique célèbre et renommé, mais ne parvient tout de même pas à donner quelque légitimité que ce soit à son discours, qui tient d’un ésotérisme très générique.

L’enquête de Daniel progresse très vite, peut-être trop vite, sans véritables embûches. Il aurait probablement été intéressant d’accorder un peu plus d’espace narratif à ses recherches, qui constituent les parties les plus intéressantes du roman. Le récit se concentre plutôt sur les déboires d’Élise, qui s’avère être un personnage incroyablement vain et insipide. On sent que le roman s’efforce de la rendre sympathique au lecteur, sans jamais vraiment y réussir.

Cela dit, l’écriture de Susanne Julien est bien maîtrisée, à la fois franche et correcte. C’est surtout sur les plans du suspense et de la progression du récit que le bât blesse, avec des concepts ridicules, voire incohérents, et une conclusion bâclée qui expédie les clés de l’intrigue plutôt que de clore convenablement le roman. [GV]

  • Source : L'ASFFQ 1996, Alire, p. 103-105.

Références

  • Champagne, Louise, Lurelu, vol. 19, n˚ 2, p. 21.
  • Desroches, Gisèle, Le Devoir, 04/05-05-1996, p. D 6.