À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Malgré sa crainte d’être ridicule, le privé expose à la police les résultats de son enquête : un riche boucher, dont le commerce est devenu par la suite le cinéma hanté, aurait tué plusieurs personnes et les aurait enterrées avec des blocs de granit qui servaient de bancs publics dans les années 1970. Les victimes hantent les bancs dans un désir de vengeance qui est assouvi quand la police leur livre le cadavre exhumé du boucher lors d’une importante opération pour régler le problème. Le privé réussit ainsi à rendre la paix aux âmes troublées des bancs et à sauver les personnes kidnappées.
Commentaires
Ce feuilleton de Hugues Morin, préparé dans le cadre du Festival de fantastique et de science-fiction Roberval 2000, a été développé à l’automne 1997 avec Jean-Jacques Pelletier. Il est impossible cependant de connaître l’implication de ce dernier, sauf pour la création du titre qui lui est explicitement attribuée. Il n’en reste pas moins que l’élément policier est beaucoup plus franc que les aspects fantastiques ; la légèreté avec laquelle le sujet a été traité et la distanciation constante entre le détective et les événements dramatiques désamorcent le phénomène d’étrangeté ainsi que le suspense. De plus, peut-être par fidélité au genre du feuilleton, plusieurs éléments alourdissent l’histoire et nuisent au maintien de l’intérêt – ou créent carrément un anticlimax, comme les références à propos de l’ours polaire qui fait des 6 dans son bassin au zoo, ou les quelques clins d’œil trop soulignés à une culture cinématographique générale.
La plupart des personnages sont plus grands que nature et frôlent le ridicule, leur description nous laissant présumer que l’auteur désirait faire un texte comique, en vain. Que ce soient Vishnou, Johnny Cinq, Nico ou Rico, leur nom inhabituel et certaines de leurs caractéristiques (la voiture de Rico dont les phares doivent être allumés pour que les essuie-glace fonctionnent, entre autres) participent à l’élaboration d’un monde contrastant avec le nôtre que le lieutenant Hugo Trépanier, croyant sans broncher à des bancs hantés, confirme dans son originalité.
Nous pensons que cet ensemble de faits hors du commun et à tendance humoristique, en plus de la distanciation déjà mentionnée, remet en question la qualité de ce texte. Cela est malheureux car nous avons constaté que l’intrigue avait été construite de manière à surprendre et à faire réfléchir et que le discours du détective privé ne lui rend pas justice. Les éléments donnés au compte-gouttes dans les cinq premiers épisodes de ce feuilleton sont les pièces d’un casse-tête qui a été bien réfléchi et qui démontre une connaissance manifeste du genre policier romanesque. Cela sauve, dans son ensemble, ce feuilleton qu’on aurait pu autrement passer sous silence. [VSAE]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 120-122.