À propos de cette édition

Éditeur
Les Graphites
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
Vert
Pagination
51-79
Lieu
Québec
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un homme écrit son journal. Il semble vivre dans un futur où le Vert envahit la ville, faisant fuir les gens. Lui il reste, seul, puis avec Hector le robot, et Annie. Et puis il y a les fantômes. Comme celui avec la veste blanche qui lui dit qu’il ira bientôt mieux. Mais où est-il vraiment : dans ce monde de catastrophe où existe le Vert, ou dans cette chambre blanche sans fenêtre, avec ce corridor derrière la porte ? Maintenant, c’est Annie qui devient transparente, s’efface, et le docteur qui devient réel, qui lui explique que son corps est là depuis toujours, dans cette chambre, mais que son esprit semble voguer vers le futur, ou plutôt en revenir.

Commentaires

Texte principal du recueil et le seul qui se rattache directement à la science-fiction, « Vert » secoue le lecteur comme un véritable choc électrique. Écrit dans un français correct mais sans recherche, dans cette langue de tous les jours qui se fout des effets de style mais essaie simplement de dire ce qui arrive, ce qui est ressenti, « Vert » se présente d’abord comme le journal intime d’un homme immergé dans un univers cataclysmique qu’il n’arrive pas à comprendre. Sa réalité dérape et la charge d’angoisse qu’il ressent agresse le lecteur comme un coup de poing en plein visage. Essayant vainement de comprendre, il désespère et s’ouvre dans ce journal qu’il tient sans savoir pourquoi mais qui, d’une façon ou d’une autre, lui permet de se raccrocher à quelque chose.

Transcendant l’histoire SF à la Philip K. Dick – les réalités qui se superposent, la folie qui se métamorphose en un niveau supérieur de cognition – se trouve une saisissante image de l’univers carcéral des hôpitaux psychiatriques. Un instantané pris de l’intérieur, par celui pour qui ces établissements existent, le supposé malade mental, le client. Et cette photographie aux noirs et aux blancs fortement contrastés, aux contours aiguisés comme une lame, clame la désorientation, l’égarement, la solitude, la peur du client face à ce qui lui arrive. Et son désespoir, sa révolte, puis sa résignation… face à une machine intransigeante, inhumaine, puisque si différente de l’univers dans lequel il est immergé, lui, le client !

Sylvain Martineau a écrit ici un des textes les plus forts de l’année. Et si les huit autres nouvelles du recueil pâlissent devant « Vert », il n’en reste pas moins qu’il a démontré un réel talent dans ce dernier texte. Espérons qu’il continuera dans cette veine. [JPw]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 97.