À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Dans cette société-là, les gens passent leur temps à arpenter sans fin des couloirs souterrains. Un jour, deux marcheurs, Luc et Martine, interrompent leur déambulation et s’interrogent sur leur destination. Comme leur arrêt risque de dérégler le système, ils sont prestement enlevés par une escouade de patrouilleurs des couloirs et conduits dans un endroit inconnu d’eux.
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Quinconque a étudié à l’Université Laval – ce qui est le cas de Gabriel Lefebvre – reconnaîtra sans peine les couloirs souterrains qui relient les différents pavillons de la noble institution – qui est aussi mon alma mater. L’auteur est parti de cette image pour élaborer sommairement une société dystopique qui réduit ses habitants à des déplacements continuels sans but.
Cette société fonctionne comme un organisme vivant qui élimine les éléments indésirables, c’est-à-dire les individus qui, parce qu’ils s’interrogent sur la finalité de ces déplacements et sur le sens de leur existence, sont une menace à la circulation fluide des marcheurs et risquent de créer une congestion du système.
Comme dans toute société dystopique, la machine broie toute velléité de révolte. La conclusion est inéluctable mais son caractère sombre est atténué par l’attitude de Luc face à la mort. Loin d’être horrifié par le sort qui l’attend, il voit enfin un sens à son existence et il comprend les mécanismes du système dans lequel il vit même si cette connaissance est acquise au prix de sa vie. En fait, le sens de la vie, nous dit cette nouvelle, c’est la découverte de la mort.
L’écriture n’a rien de remarquable et les dialogues manquent de naturel mais « Vie de couloirs » nous force néanmoins, que cela nous plaise ou non, à prendre la mesure du côté routinier de notre quotidien et de l’amnésie qui guette la société québécoise. « Cette société ne s’encombrait ni d’archéologues ni d’historiens. » Ses habitants savent-ils même qu’ils sont mortels ? [CJ]
- Source : L'ASFFQ 2000, Alire, p. 106-107.