Vie de famille au 28e siècle (La)

Sur la planète Familuce, le 6 février 2714, un enquêteur sur la vie de famille visite l’agriculteur Xantha Arcanum, qui a fait des études en laserotechnie, et sa femme Castie. Dans leur société, l’enfant est la raison d’être de la famille qui se donne pour but de l’amener à Dieu. La famille repose sur la bonne entente, la stabilité et la hiérarchie. On n’y connaît ni le divorce ni la télévision. Le gouvernement protège la santé de la mère, distribue des allocations familiales et assure le logement à bon marché.

Blanchet signe une brève utopie, agrémentée de la description d’un excellent repas. Le Canada et le Québec existent encore au XXVIII^e siècle, et il semblerait qu’on y croie que l’État a le droit d’ordonner l’éducation des enfants ainsi que leur orientation professionnelle. Sur Familuce, en revanche, règne le culte de la famille. Si la référence à Dieu, le sens de la hiérarchie et la primauté de la famille inclinent à un classement de cette fiction dans les utopies conservatrices, le soutien gouvernemental du système de santé de Familuce ainsi que sa politique du logement apparaîtraient dans le contexte actuel comme plus progressiste que réactionnaire.

Comme dans la plupart des utopies, l’intrigue se réduit à une exposition des valeurs et des mesures prônées par l’auteur. Comme cette nouvelle demeure très courte, l’absence de tension dramatique n’empêche pas de la lire jusqu’à la fin – et d’apprécier les descriptions culinaires. Ah, ce « dessert composé d’abricots enrobés d’une sorte de crème glacée battue à des blancs d’œufs de caille qu’on dorait légèrement au four » ne suscite-t-il pas la gourmandise des becs sucrés ? [JLT]