À propos de cette édition

Éditeur
imagine…
Genre
Science-fiction
Longueur
Nouvelle
Paru dans
imagine… 37
Pagination
9-14
Lieu
Montréal
Année de parution
1986
Support
Papier

Résumé/Sommaire

Un jeune homme qui travaille dans un service d’informatique remarque un matin l’absence d’un collègue. Il essaie d’abord de la camoufler, puis cherche à connaître la raison de cette absence en consultant le dossier personnel de Pierre et le sien à l’insu des contrôleurs du service. En soirée, il se rend dans le faubourg ouvrier où habite son confrère et il tente, sans succès, de le convaincre de reprendre son poste.

Autres parutions

Commentaires

Cette nouvelle de Bertrand Bergeron aurait fort bien pu s’insérer dans son recueil Parcours improbables puisqu’elle fait référence à cet univers terne à peine esquissé du service. D’ailleurs, chez Bergeron, les thèmes SF se lisent toujours entre les lignes.

Dans « La Vie de faubourg », il décrit par petites touches une société très bureaucratique, une sorte de dystopie feutrée, tranquille, qui n’en est que plus menaçante et efficace. On peut croire que l’auteur projette, à partir de l’histoire politique du Québec, une vision de ce que pourrait être la société québécoise dans un futur proche. Le résultat est tout à fait différent de celui auquel en arrivait Denis Côté dans « 1534 », soit une dystopie totalitaire.

À travers cette histoire de deux hommes dont la personnalité est différente parce que leur enfance fut différente, l’auteur montre l’importance du milieu familial dans la formation et l’éducation sociales de l’être humain. Bergeron affiche clairement ses couleurs. Il valorise la simplicité et la chaleur du prolétariat en les opposant à la froideur du monde bureaucratique dont le narrateur est le pur produit.

Le style très concis et très laconique convient bien au caractère statique de cette société. La forme du récit est en parfaite adéquation avec le fond. Bergeron utilise à parts égales le monologue intérieur qui demeure tout en surface, comme la société semble impassible en apparence, et l’apostrophe du lecteur. Il a recours aussi à la répétition afin de créer un effet de routine, comme la société distille l’ennui et l’indifférence tranquille.

Le thème développé par Bergeron n’est pas d’une originalité renversante et le suspense artificiellement créé au début par le décompte des heures apparaît comme un emprunt inutile au polar, ce que le texte n’est nullement, à moins qu’il faille voir dans ce procédé un renforcement du caractère monotone des conditions dans lesquelles vivent les membres de cette société.

La qualité de cette nouvelle repose avant tout sur la faculté qu’a l’auteur de faire sentir ce qui est informulé (le caractère oppressif et coercitif de la société) et d’extrapoler le devenir du Québec qui a fait sien l’adjectif tranquille, pour la révolution comme pour l’évolution. [RB]

  • Source : L'ASFFQ 1986, Le Passeur, p. 38-39.