À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Étienne découvre un trou derrière une commode en lavant la cage de son hamster. S’y infiltrant, en compagnie de son amie Maude, il rencontre un homme à la longue barbe blanche qui demande du secours. L’individu n’apparaît que lorsqu’ils touchent un morceau de parchemin et les jeunes apprennent qu’il se nomme Josquin-Charles Lemaigre. C’est un instituteur auquel une sorcière a jeté un sort 450 ans auparavant : invisible aux yeux de tous, il demeure vivant.
Pour lui venir en aide, Étienne et Maude acceptent de retrouver un grimoire contenant la formule pouvant briser l’enchantement. Pour ce faire, ils se rendent chez la sorcière. Réussissant à se hisser jusqu’à sa cabane, Maude découvre le cadavre de la femme avant de tomber dans une trappe qui s’ouvre quand le visage du cadavre est éclairé. Étienne combat son vertige pour lui porter secours et retrouve le grimoire dans les mains sans vie de la femme maléfique. À l’aide du livre et de ses formules en ancien français, ils parviennent à fuir enfin la maison, mais la sorcière, dont la mort n’était qu’une mise en scène, les empêche de regagner leur monde. Elle transforme Étienne en crapaud, mais Maude défie le fils de la sorcière au jeu du bilboquet. Grâce à sa victoire, ils méritent de rentrer chez eux où Étienne reprend forme humaine et brise le sort jeté à Josquin-Charles. Les secousses que provoque la magie sont interprétées comme un tremblement de terre.
Commentaires
Le roman offre aux lecteurs et aux protagonistes une aventure dans un village souterrain merveilleux imprégné de l’esprit du conte. Cependant, le moyen employé pour plonger les héros dans le fantastique (l’entrée par un trou derrière une commode) n’a rien de révolutionnaire. La présence d’autres éléments convenus rappelle également certains titres parus la même année. Comme dans La Fusée d’écorce de Bernard Boucher, les enfants profitent d’une nuit sous la tente pour échapper à la vigilance parentale. Le moyen semble galvaudé, tandis que l’explication réaliste de la manifestation finale rappelle la conclusion de La Trahison du vampire de Denis Côté où le journal fait état d’une inexplicable paralysie temporaire des habitants. On intègre alors le merveilleux dans le réel, seulement, le moyen semble devenir quelque peu répétitif. Dans l’ensemble, les procédés magiques mis en scène dans le roman sont aussi peu recherchés, qu’il s’agisse de toucher un parchemin pour faire apparaître Josquin-Charles ou d’éclairer le visage de la sorcière pour déclencher l’ouverture d’une trappe.
L’action s’enclenche rapidement, mais les événements intègrent ensuite quelques éléments anecdotiques comme la présence d’un chat noir cherchant à ralentir la course des protagonistes et amadoué aussitôt. Les péripéties finales sont, pour leur part, nombreuses et précipitées. Elles auraient gagné à être développées davantage. Les aventures font tout de même appel au courage et au sens des responsabilités des jeunes héros, qualités que les fiches pédagogiques conçues pour accompagner le livre mettent de l’avant.
Par ailleurs, en visitant un lieu magique abritant un personnage vivant depuis 450 ans, les jeunes intrépides sont appelés à constater l’écart existant entre le monde actuel et le passé. Josquin-Charles Lemaigre souligne d’ailleurs certaines différences, étonné du sans-gêne et de l’impertinence que les enfants démontrent face aux adultes. Il leur fait également découvrir un jouet de l’époque : le bilboquet. Surpris par leur langage, Josquin-Charles, qui parle l’ancien français, a tout de même métissé son langage de termes et de tournures d’aujourd’hui, fruit de ses observations au fil du temps. Sa langue châtiée contraste tout de même avec le ton plus naturel des dialogues donnant une certaine couleur au texte. De même, l’ancien français est utilisé dans le grimoire magique et Étienne tire parti de son intérêt pour la poésie pour déduire quelques particularités de cet ancien emploi de la langue.
Simple, peut-être même trop, et sympathique, sans plus, le roman offre une aventure linéaire donnant l’occasion aux héros de se surpasser dans un cadre fantastique. [SD]
- Source : L'ASFFQ 1995, Alire, p. 153-154.
Références
- Doré, Jean, Lurelu, vol. 19, n˚ 1, p. 24.