À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un homme fasciné par l’histoire de Montréal, notamment celle entourant le Château Ramezay, hante les rues de la ville lorsqu’il n’assiste pas à des cours à l’Université de Montréal. Il perçoit les traces d’un passé révolu et se désole que la beauté ait cédé sa place à la laideur des stationnements et des voies rapides. Le traitement qu’on a fait subir avec les années à sa ville tant aimée le blesse, les touristes qui visitent « son » château l’irritent à un point tel qu’il décide de mettre le feu au site historique. Alors qu’il est assis à la table d’un café et qu’il regarde les flammes, il entend un homme réciter un vers de Nelligan, ce qui le pousse à jeter son dévolu sur l’ancienne maison du poète.
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Commentaires
L’écriture de Corriveau est impeccable et ses descriptions du Montréal du XVIIIe siècle sont belles. Le lecteur se plaît à revisiter le passé de la grande ville à travers certains pans de son histoire et de son architecture. Les temporalités dans « La Ville tout entière » se confondent, se chevauchent, de sorte qu’on ne sait parfois plus à quelle époque se trouve précisément l’incendiaire féru d’histoire.
En ce qui a trait à l’identité de celui-ci, le lecteur de la nouvelle hésite d’ailleurs : est-il effectivement un amateur un peu fou ou est-il plutôt un fantôme qui hante la ville, un amalgame de traces spectrales laissées à travers les siècles par des personnages historiques, de Claude de Ramezay au gouverneur du Canada de l’après-Conquête ? À cet égard, la chute de « La Ville tout entière », qui annonce déjà le début d’une seconde hantise pour le personnage, laisse le lecteur dans le doute. Écrite avec élégance, la nouvelle de Corriveau est en quelque sorte une ode à la beauté du passé et elle dresse, avec une certaine nostalgie d’un temps révolu, un constat sévère sur les ravages irréversibles de la modernité urbaine. [JOA]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 239.