À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un mélomane meurt. Son cœur s’est transformé en violon, pour une peine d’amour. L’instrument retiré de sa poitrine se métamorphose en fillette blonde. Vingt ans après, un autre passionné de musique tombe amoureux, sans espoir de retour, d’une jeune violoniste blonde, aérienne, qui porte en son sein un oiseau jaune. Pour lui témoigner son amour, le narrateur-élomane s’exerce à devenir léger. Ainsi, demain, à partir du pont de Québec, il marchera dans le ciel avec son ami Nuage, un cumulus apprivoisé.
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Commentaires
Prosaïquement parlant, il s’agit de cœurs brisés par l’amour de musiciennes et la passion de la musique. Un premier homme meurt de chagrin et son alter ego, deux décennies plus tard, se suicide pour des motifs similaires.
Ces drames humains prennent une tout autre coloration cependant sous la plume poétique de Pierre Chatillon. L’auteur place rapidement son récit dans un cadre irrationnel. Les graduelles transformations du cœur du mélomane Antoine Vadeboncœur en témoignent. Cette mutation admise comme naturelle, quoique particulière, est conséquente avec sa passion sans frein pour le violon et son amour sans écho pour une violoniste belle et blonde. L’explication est logique (même si elle défie les lois physiques de l’évolution). Elle justifie dès lors ce qui suivra : la métamorphose du cœur-instrument – vivant dans un mort ! – en enfant blond, puis en jeune femme aux cheveux d’or enceinte d’un oiseau jaune, et la présence d’un nuage domestiqué avec lequel le narrateur communique. Il est alors tout à fait normal pour ce dernier de marcher dans le ciel depuis les hauteurs du pont de Québec.
Le réel n’est plus interrogé ; seule la perception de l’amoureux compte. Il n’y a pas d’angoisse chez celui-ci, ni d’ailleurs chez les autres figurants ; l’amour impossible ne mène pas au désespoir, mais il conduit à une sorte de folie douce, à une interprétation surréelle du quotidien des personnages mis en scène.
Le conte de Pierre Chatillon charme par sa sensibilité et son lyrisme. C’est sans doute que « Le Violon », tout fantastique soit-il, se mâtine volontiers de merveilleux. Ce qui ne gâte rien, tout en étant propre à la manière de l’auteur. [GHC]
- Source : L'ASFFQ 1991, Le Passeur, p. 54-55.