À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Une jeune femme décrit devant un auditoire venu assister à un concert ce qu’elle voit de la ville de Québec en 1929, soit neuf ans plus tard.
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Commentaires
La fictionnalisation de cette vue de l’esprit futuriste est minimaliste et ne s’embarrasse aucunement de considérations sociales ou politiques. La présence sur scène de la jeune femme est à peine expliquée et il n’est pas clair si elle répond sous hypnose aux questions que lui pose un animateur. On a l’impression que la vision d’Aurélie se résume à une photo d’ensemble d’un secteur de la haute ville de Québec dont l’aspect le plus spectaculaire serait l’installation d’une colossale harpe aérienne appelée « électrophone ». Grâce au vent du nord-est, cet instrument à cordes émet d’étonnantes harmonies. Dans sa vision, de façon plus prévisible, la jeune femme entrevoit aussi le Palais Montcalm et un grand rassemblement à l’occasion d’un congrès mondial de musique.
Ce genre de textes est assez courant avant 1930 – signalons « La Tête de saint Jean-Baptiste » de Wenceslas-Eugène Dick et « Le Carnaval à Québec en 1996 » de Nazaire Levasseur, par exemple – et témoigne, dirait-on, de l’incapacité de leurs auteurs à « animer » leur vision du futur. C’est comme s’ils n’avaient pas encore assimilé l’invention du cinématographe et restaient captifs de la photographie. L’anticipation demeure donc sage, prudente et peu ambitieuse, à croire que l’imagination est une faiblesse dont il faut se méfier.
Certes, Jean Aubois n’a laissé aucune œuvre romanesque et n’avait sans doute pas d’ambition en ce sens. Chroniqueur à la revue La Musique, il fait justement de la musique le principal axe de son récit : tout concourt à célébrer la popularité de sa pratique et à souligner l’excellence des musiciens canadiens français. Revêtu des habits modestes du nouvelliste, il rend par la bande un hommage enthousiaste à la revue qui l’emploie. [CJ]