À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Grâce à son appareil pour voyager dans le temps et l’espace, le chroniqueur du Jour fait un bond de trois jours dans le futur et visite en vingt-quatre heures des chefs d’État du monde entier pour s’enquérir de leurs projets en 1939.
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Celui qui signe ce texte sous le nom de L’Homme du JOUR est fort probablement Jean-Charles Harvey, le directeur du journal Le Jour. On sait que Harvey a écrit quelques nouvelles de science-fiction regroupées dans le recueil L’Homme qui va…
Un préambule précède « Visites du Jour de l’An » dans lequel l’auteur affirme qu’il a inventé une machine lui permettant de se déplacer dans le temps et l’espace. Il entreprend ensuite un périple qui le mène dans une dizaine de capitales à travers le monde.
La nouvelle est le compte rendu sommaire des rencontres qu’il a eues avec différents chefs d’État : Maurice Duplessis à Québec, Neville Chamberlain à Londres, Daladier à Paris, Benito Mussolini à Rome, Adolf Hitler à Berlin, Staline à Moscou, Chiang-Kai Chek en Chine, Fuminari Konnoye à Tokyo, Roosevelt à Washington et Mackenzie King à Ottawa. Quelques politiciens provinciaux complètent la galerie de portraits.
À la question « Quels sont vos projets pour l’année 1939 ? », plusieurs dirigeants affirment vouloir conquérir le monde ou le pays voisin. À quelques mois du début de la Deuxième Guerre mondiale, on n’est guère surpris par ces réponses. Celle de Staline est plus intrigante – ou est-il plus roublard ? – : il dit vouloir devenir artiste de cinéma à Hollywood ou bien épouser Wallis Simpson, l’Américaine qui a amené le roi Édouard VIII à renoncer par amour au trône du Royaume-Uni. De plus, il demande au reporter de faire autographier une photo des jumelles Dionne et de la lui retourner !
Le ton est léger, souvent humoristique ou satirique, et fait sourire. Toutefois, il y a des saillies dont le sens nous échappe, notamment tout ce qui concerne la rencontre de Daladier à Paris et en partie la visite à Londres où le reporter est reçu par le premier ministre Neville Chamberlain et le chef de l’opposition Antony Eden.
Les références sont plus faciles à décoder quand il s’agit des acteurs politiques de la scène provinciale ou nationale, encore que… Les cadenas sur la table de Duplessis sont une allusion directe à la Loi du cadenas adoptée par son gouvernement pour protéger la province contre la propagande communiste. Le buste d’Adrien Arcand évoque la figure du chef du Parti national social chrétien, partisan d’Hitler.
À part le préambule qui se réclame de la science-fiction, il n’y a donc rien dans la nouvelle qui relève vraiment de l’anticipation. Il s’agit d’un exercice de prospective à très court terme basé sur l’actualité politique nationale et internationale. Le texte est illustré des différentes têtes de Turc croquées par le satiriste. [CJ]