À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Mme Pennée rapporte les diverses apparitions du fantôme d’une femme portant un enfant dans ses bras qui venait hanter sa maison appelée Binstead, à quelques milles de Charlottetown, au cours des années 1860.
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Commentaires
Ce texte emprunte le ton distancié qui sied à l’écriture journalistique comme pour renforcer la crédibilité des faits rapportés. On est près aussi du ton du journal personnel dans lequel tout un chacun consigne les événements banals de son existence. C’est dire qu’il y a un refus du romanesque et de la dramatisation dans ce récit de Mme Pennée. Les phénomènes dont elle est témoin ne lui paraissent en effet jamais extraordinaires.
De même, la tentative d’explication de cette apparition récurrente tourne court. Mme Pennée rappelle que deux sœurs ont servi comme domestiques dans cette maison et que l’une d’elles et le jeune enfant de sa sœur sont morts. Toutefois, on ne connaît pas exactement les circonstances de ces deux morts et on ne sait pas pourquoi leur fantôme vient hanter la maison. Ont-ils été assassinés ? La femme est-elle morte en état de péché ? Mystère.
Il y a beaucoup de non-dit et de pudeur dans la prose de Mme Pennée : il faut lire entre les lignes que le propriétaire qui vendit Binstead à un dénommé Fellow, de qui Mme Pennée loue la maison, a fait un enfant illégitime à chacune de ses deux servantes, filles d’un journalier qu’il emploie sur sa terre. La narratrice dépeint l’homme en ces termes : « C’était un homme aux instincts grossiers et aux habitudes immorales. »
Ce terreau propice au mélodrame, Mme Pennée n’a visiblement pas voulu l’exploiter. [CJ]
- Source : Le XIXe siècle fantastique en Amérique française, Alire, p. 148.