À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Jacinthe-Pierre O’Bamsawé, fille d’Haïtienne et de Cri, quarante-cinq ans, artiste-peintre, s’est enflammée sous un simple baiser. Ne pouvant résister à ses désirs, malgré elle, contre son gré, elle qui sait qu’un tel jeune homme n’a rien à faire d’une femme de son âge et de son allure, elle décide de voler ce Jacques Braise qui porte si bien son nom. N’a-t-elle pas reçu des connaissances de ses pères et mères ?
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Commentaires
Belleto, vous avez déjà lu ? Une plume scintillante, au rythme précis. La phrase, primesautière, caracole avec vigueur et, au détour, surprend avec un point de vue lucide, poétique, cinglant, vitriolique, nostalgique… et j’en passe. Pourquoi parler de l’auteur, entre autres, de L’Enfer, dans cette critique ? Parce que, plus je lis Anne Dandurand, plus je pense à Belleto. Pour ceux qui auraient l’indélicatesse de détester Belleto, je précise que j’adore Belleto. Un point.
Quand Anne Dandurand s’acharne sur un texte, cela se sent. Dans « Le Vol de Jacques Braise », la justesse de chaque mot parle d’elle-même, la minutie de l’action et la précision de la gradation confirment mon hypothèse : Anne Dandurand a peaufiné ce texte jusqu’à la limite. Si on parle d’originalité de la thématique, je dirais que ça ne casse rien, qu’on a déjà lu, que ci et que ça. Mais la manière !
Avez-vous déjà remarqué la méthode Dandurand ? Ici, trois mesures de concret, une de poésie visuelle et une de lucidité non conventionnelle – la meilleure, en passant. Une mesure à cinq temps, donc, pour continuer sur une autre analogie, peu utilisée mais combien agréable à l’oreille par sa rareté syncopée. Et puis il y a cette façon retournée de vendre la mèche en premier lieu, non pas pour casser la curiosité, mais bien pour l’élever d’un niveau de plaisir : ici on pense à Theodore Sturgeon, bien sûr, qui s’est souvent permis le procédé.
Des défauts ? Bien sûr, « Le Vol de Jacques Braise » en recèle quelques-uns. Comme tous les textes, d’ailleurs. Même ceux de Belleto. Mais ça ne vaut pas la peine d’en parler. Après tout, une auteure a bien le droit d’avoir une critique entièrement positive de temps à autre, non ? [JPw]
- Source : L'ASFFQ 1989, Le Passeur, p. 66-67.