À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
Un soir d’hiver, Patrick découvre entre un hangar et un conteneur une adolescente qui semble mal en point. Elle lui demande de la conduire au docteur Fender, à l’hôpital Bernstein, et de brûler ses papiers d’identité. Intrigué, Patrick acquiesce néanmoins à sa demande. Fender lui confie qu’il s’agit d’une de ses patientes, Jessica Simnett, et l’envoie chercher son dossier médical au sous-sol de l’édifice. Patrick y fait la rencontre d’une femme, Naïma, qui lui annonce être la mère de la jeune fille et la conjointe de Fender, qui s’appelle en réalité Sarfaté. Pour sauver leur fille Zyra, le couple d’extraterrestres a besoin d’un donneur d’avenir. Patrick est le candidat tout désigné mais il y a un problème…
Commentaires
Natasha Beaulieu nous offre avec « Les Voleurs de futur » une nouvelle de science-fiction humoristique sur le thème convenu de « Mon père est un extraterrestre ». Au sens littéral. L’humour provient surtout des réflexions mentales de Patrick qui utilise des expressions propres aux adolescents et que l’auteure reproduit en italiques dans le texte.
On reconnaît bien l’empathie que Natasha Beaulieu ressent envers les marginaux, les petits « bums ». C’est son fonds de commerce. Son Patrick n’est pas un mauvais garçon, il n’a tout simplement pas eu la chance de naître dans un milieu aisé. Son sens des responsabilités, mais aussi sa candeur et une certaine forme d’innocence assurent sa rédemption finale.
Beaulieu est une habile manipulatrice. En épousant le point de vue de Patrick, qu’elle réussit à rendre sympathique malgré son petit côté délinquant, elle arrive à faire accepter moralement au lecteur le suicide (ou le meurtre) opportun de Chanelle Després, dont l’adolescent est l’instrument, et à le convaincre de la convenance de cette solution pour sauver Zyra. L’auteure ne pousse cependant pas l’audace jusqu’à faire triompher l’immoralité. Après cette nuit « invraisemblable », Patrick décide de reprendre sa vie en main.
Si la nouvelle relève d’emblée de la SF en raison de la présence du couple d’extraterrestres, l’auteure n’en exploite guère le potentiel d’altérité. Visiblement, ce n’est pas ce qui intéresse Natasha Beaulieu qui ne tente même pas d’expliquer comment fonctionne le transfert de futur d’un humain à la fille du faux docteur Fender. Le procédé relève davantage du pacte fantastique avec le diable, pacte contraire à celui de Faust car le signataire « consent » à faire don de sa vie, que de la science-fiction. La nouvelliste ne nous renseigne pas davantage sur la planète d’origine de Maïna et Sarfaté ou sur les circonstances qui les ont amenés sur la Terre.
« Les Voleurs de futur » est, somme toute, une nouvelle amusante, sans toutefois faire partie des meilleurs textes de Natasha Beaulieu dont le travail d’écriture est en outre entaché ici de nombreuses coquilles typographiques. [CJ]
- Source : L'ASFFQ 1994, Alire, p. 17-18.