À propos de cette édition
Résumé/Sommaire
C’est dans un décor aussi banal qu’une salle de bains que s’amorce, pour Jacques Xeres, étudiant en psychologie, un étrange périple dans un monde parallèle : il traverse son miroir et, procédant en sens inverse, il revient dans un monde qui, bien que ressemblant à s’y méprendre au sien, ne correspond pas à son univers originel. Il est alors pris en charge par un chaman du nom de Masier qui utilisera ses dons pour l’aider à retrouver son monde. Commence dès lors une série de péripéties pour le duo : Xeres et Masier sont pourchassés par un inquiétant quatuor d’assassins, se retrouveront dans une ville souterraine où ils seront investis malgré eux de la mission de sauver la vie d’une vieille femme victime d’un mauvais sort. Trahis puis destinés à la guillotine, Jacques et son mentor aboutiront dans une bibliothèque où doit se trouver la clé du retour vers le monde originel de Jacques…
Commentaires
Le second roman pour jeunes de Frédérick Durand comporte beaucoup d’ingrédients qui font que les romans fantastiques sont prisés des jeunes : on y retrouve un héros jeune, honnête et intelligent, à qui le jeune lecteur peut relativement bien s’identifier (ou aimerait s’identifier) ; le récit s’amorce dans un monde bien réel, en tous points semblable au nôtre ; une amourette s’y dessine ; puis on glisse dans un monde fantastique qui met en scène une succession de situations toutes plus embêtantes les unes que les autres pour le jeune héros.
Peut-être pourrait-on justement reprocher à l’auteur d’avoir intégré un trop grand nombre de rebondissements à partir du moment où le héros atteint le monde parallèle tant les actions et les changements de décor pullulent. On serait aussi tenté de remettre en question certains épisodes qui paraissent avoir fonction de remplissage (le passage dans la ville des « sculpteurs d’air », notamment, où ces personnages au nom fascinant ont un rôle de figurants dans l’intrigue, mais on peut considérer qu’il s’agit là moins d’un défaut que d’une belle idée qui n’a pas été exploitée).
Toutefois, puisque les mondes parallèles sont par définition régis par d’autres lois que les nôtres, il nous faut accepter, un peu comme dans les rêves, une certaine gratuité dans les péripéties, d’autant plus que le public auquel est destiné ce livre raffole généralement des accumulations d’événements. À ce sujet, on doit reconnaître que Durand cultive de manière efficace l’art du rebondissement, et on peut penser que les jeunes se laisseront facilement emporter dans les nombreuses péripéties du Voyage insolite. Ainsi, même si le personnage principal et son comparse comptent souvent sur la providence pour se tirer de quelques mauvais pas, le récit conserve une vraisemblance certaine. L’intrigue fantastique est particulièrement bien amorcée, principalement lorsque, se croyant revenu dans sa réalité première, le personnage principal constate que les assises de son monde s’érodent peu à peu : la description y est fine et sa progression fort habile.
Il faut souligner enfin la réussite que constitue la finale, où l’on montre que le passage de Jacques dans un monde parallèle aura des conséquences sur sa vie à son retour dans son monde premier : le personnage de Jacques est revenu transformé de son voyage insolite, et cela confère au récit une pleine dimension fantastique qui éloigne hors de tout doute le roman de Frédérick Durand de la facilité. Il s’agit là en somme d’un roman fantastique fort réussi qui comblera les attentes du jeune public. [CG]
- Source : L'ASFFQ 1998, Alire, p. 72-73.
Références
- Bérard, Sylvie, Lettres québécoises 94, p. 32.
- Drolet, Jean-Denis, Lurelu, vol. 21, n˚ 2, p. 23.